5 sur 5. En l'espace de 5 mois, le jeune prodige du demi-fond français, Samir Dahmani a battu 5 records de France junior : 2 fois le 800 m en salle, médaille d'argent aux championnats de France élite en prime, 2 fois le 1 500 m en salle également et le 800 m sur piste la semaine dernière à Sotteville, qui appartenait à Fadil Bellaabouss depuis 2005 (1'46''74 contre 1'47''21). Avec en point de mire, le plus vieux record de France, celui de Jacky Boxberger sur 1 500 m junior en 3'40''8 qui date du 4 juillet 1968 au stade Charléty.
Vous venez de battre 5 records de France en 5 mois, mais peu de gens vous connaissent encore, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Je suis né à Martigues le 3 avril 1991 et j'ai débuté l'athlétisme en 2007 après avoir joué 10 ans au foot. Je suis licencié à Martigues et je viens d'une famille de footballeurs qui ne connaissait pas du tout l'athlétisme. Il a fallu beaucoup de persuasion à mon entraîneur, Nordine Ghezielle*, pour me convaincre de franchir le pas et me consacrer uniquement à l'athlétisme. Je l'en remercierais jamais assez. Au bout de 2 mois d'athlé, je me suis qualifié pour les Jeux Olympiques de la jeunesse qui avaient lieu à Belgrade. Cette sélection a fini de me convaincre qu'il fallait que je fasse ça sérieusement.
Et au niveau des études, vous en êtes où ?
J'ai eu mon Bac S l'an passé et cette année, j'ai fait une première année en BTS Réseau Informatique. Je suis admis en seconde année. Même si les résultats en athlé sont bons pour l'instant, je ne veux surtout pas sacrifier mon parcours scolaire. Mon entraîneur me le répète souvent : c'est très bien d'être fort en juniors, mais l'objectif est d'être très fort en seniors.
Vous réalisez une saison 2010 remarquable avec déjà 5 records de France battus. Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ?
C'est vrai que pour le moment, tout se passe idéalement. Pour le mois et demi qui vient, j'ai deux rêves : obtenir une médaille aux championnats du Monde juniors à Moncton au Canada et battre le record de France juniors de Jacky Boxberger. Je suis passé tout près à Marseille début juin puisque j'ai couru en 3'41''02 avec un très fort vent. Il paraît que je valais 3'39 ce jour-là. Normalement, je ne cours pas après les records et je suis plus sensible aux médailles dans les grands championnats. Mais celui-là, il est spécial : tout le monde s'est cassé les dents dessus, Baala, Tahri et tous les autres avant. J'espère être celui qui va le battre. Comme je vous disais, je ne viens pas d'une famille qui a une culture athlétique, alors depuis que je cours j'essaye de combler mes lacunes. Et je me suis rendu compte que ce record, le plus vieux de record de France, a quelque chose de spécial, aussi par la carrière que Boxberger a fait ensuite. Enfin, même si les minima sont très difficiles sur 800 m pour les championnats d'Europe à Barcelone (1'45''90), je me dis que ce n'est pas totalement impossible. Ce serait la cerise sur le gâteau de la saison.
Même si vous avez déjà les deux records de France cadets du 800 et du 1 500, vous semblez avoir passé un palier cette saison, comment l'expliquez-vous ?
Mon entraîneur fait très attention de ne pas me griller. En cadets 2, je courais 4 fois dans la semaine et j'avais fait 1'48''75 et 3'43''85. Il y a une progression logique car depuis je suis passé à 6 entraînements par semaine. J'ai fait un gros travail hivernal avec plus de foncier et de PPG. Je pense que c'est surtout au niveau du foncier que j'ai franchi un palier. Cet hiver à la Prom' Classic à Nice, j'ai réalisé 30'35'' et j'ai terminé 5e aux championnats de France de cross, preuve de ma progression dans le domaine du travail foncier. Je le ressens également dans ma plus grande capacité à encaisser les séances spécifiques. En plus de tout ça, au printemps, je suis parti un mois à Font-Romeu et je pense que j'en retire tous les bienfaits en ce moment.
Vous avez une palette très large, quasiment du 400 m au 10 km. Sur quelle distance vous sentez-vous le plus à l'aise ?
Pour le moment, c'est vraiment le 800 et le 1 500. Mais entre ces deux distances, je n'ai pas de préférence. Psychologiquement, ça me fait beaucoup de bien de changer. Et les deux distances sont complémentaires. Quand je viens de courir 1'47'' au 800, passer en 1'57 sur un 1 500 ne me pose pas de problème et je me sens fluide. Inversement, le 1 500 m me permet de bien finir mes 800 m et de trouver ça court. En revanche, pour les championnats du Monde juniors, on a pas encore décidé quelle distance je vais choisir. Mon entraîneur penche plus pour le 1 500 m, pour effacer ma déception des championnats d'Europe de l'an passé où je perds ma chaussure suite à une bousculade (finalement 9e, alors qu'il avait la seconde meilleure performance des engagés).