BILAN : Un bilan plein de contrastes pour Patrick Montel
24 Août 2008 - 12:23:39 -
Patrick Montel était présent à Pékin pour ses 7èmes Jeux Olympiques. Ce passionné d'athlé qui défend ce sport au sein même de sa rédaction de France 2, a livré pendant 10 jours un vrai marathon de l'info pour faire vivre ce grand feuilleton avec drames et joies. Il était assisté dans cette mission de Stéphane Diagana et de Philippe Delerm ainsi que d'une myriade de techniciens. Un pari financier pour la chaîne nationale compte tenu des horaires difficiles pour réussir un audimat correct en plein été en France. Il livre son analyse sur ces Jeux et sur l'athlétisme français. En trois mots : "Un bilan contrasté ! "
. Comment situes-tu ces Jeux par rapport à l’ensemble de ces précédents auxquels tu as assisté ?
- Si Barcelone était de loin les plus conviviaux, Atlanta les plus ratés, les Jeux de Pékin resteront, et de loin, les plus intéressants. A tous les niveaux. Au niveau d’une émergence d’une forme d’athlétisme sur laquelle on a le droit, encore aujourd’hui, de s’extasier. Je pense aux Jamaïcains. En espérant que cette fois, l’extase aura une vraie continuité. Je parle de fraîcheur, de dynamisme. De morphotypes différents par rapport à la génération des Maurice « Vert » et compagnie.
Et puis intéressants sur le plan géo-politique car on a vraiment la sensation ici qu’on est dans la puissance de demain, qui va tout bouleverser et tout balayer. Quelque part, je ressens la même chose que lorsque j’ai assisté à la chute du mur en 1989. On a vraiment l’impression qu’il y a un rendez-vous clair avec l’histoire ici. Les Chinois ont fait les choses en très très grand. Ils ont pris les Etats-Unis, ils ont multiplié par 100 ! Ce qu’il y a derrière, il y a certainement des choses terribles derrières, mais nous, on ne les a pas vues. Et ce qu’on a vu, est une sorte de Walt Disney absolument présent et totalement invincible. C’est le sentiment que j’en ai !
. Sur un point sportif, sur l’athlétisme, qu’en retires-tu ?
- Moi, je suis vraiment sur le cul avec la déroute des Etats-Unis. La déroute certainement aussi d’un système avec l’émergence de la Caraïbe. J’ai envie d’y croire ! Le 2ème point est la domination des Ethiopiens dans leur pré carré, ils ont vraiment mis la main sur quelque chose de durable. La 3ème chose est l’émergence de phénomènes, de gens sortis de nulle part, qui sont capables de réaliser des choses qu’on croyait réserver à Kratochvilova et ses sœurs. Là, il y a une légitime interrogation. Est-ce qu’aujourd’hui, le rêve est total ou bien est-ce qu’il y a un certain nombre de pharmacopées qui se dissimulent là-dessous et qu’on découvrira dans quelques années ? C’est une sorte de sentiment assez étrange, un peu de rêve, un peu de doute, et en même temps, un peu de fraîcheur dont on ne sait si elle vient du climatiseur ou si c’est vraiment l’air qui est plus pur…
. Et côté français ?
- Côté français, c’est une catastrophe. Pas tellement au niveau des résultats car je n’ai pas tellement envie de juger les mecs. Mais c’est une catastrophe car on étale au grand jour, une sorte de cuisine nauséabonde, qui est vraiment typiquement française. Ces petites mesquineries entre amis, je trouve que c’est lamentable. Moi, j’ai été prof, et il ne faut jamais oublier que quand on encadre, on a une mission pédagogique vis-à-vis de ceux qu’on encadre. Si on donne le mauvais exemple, et je crois que globalement, l’encadrement donne un très mauvais exemple, il ne faut pas s’étonner que les gamins, (et ce sont des gamins !), qu’ils réagissent comme ils réagissent aujourd’hui. Moi je suis atterré d’avoir assisté à l’apogée de l’athlétisme en 2003 où j’ai eu vraiment l’impression que la France était arrivée au bout de quelque chose. Et plutôt que de durer, d’amener des gosses vers les clubs, de motiver des gens à pratiquer l’athlé, car c’est déjà très dur de percer face au foot…, et bien, on va s’entretuer sur la place publique avec des petites mesquineries imbéciles. Là, je dis qu’on a touché le fond ! Donc, j’espère qu’il y aura des gens à poigne, des gens qui auront du caractère et qui sauront mettre les choses à plat en disant aux gens qui n’ont plus rien à faire dans le truc, d’aller faire « chier » le monde ailleurs… Mais vraiment, je suis atterré et quelque part, honteux comment on affiche de si petites mesquineries de la part de gens qui se disent des éducateurs. C’est vraiment triste…
> Auteur : Odile Baudrier