L'article du Monde de ce matin ne me rassure pas !!!
Quand on renvoie la faute sur un autre ...
Article du Monde !
Paris 2024 la peur du bide.
Texte Yann Bouchez, Et Nicolas Lepeltier Illustrations Jim Stoten
"Emmanuel Macron l’a sèchement rappelé en septembre : aux Jeux de Paris, en 2024, la France devra figurer dans le top 5 des nations les plus médaillées. Un objectif que d’aucuns jugent déjà inatteignable, surtout après la mauvaise moisson à Tokyo. Plusieurs présidents de fédérations ne ménagent pas leurs critiques envers l’Agence nationale du sport, créée en 2019 pour doper la pratique de haut niveau. En ligne de mire, l’un de ses très controversés patrons, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball Claude Onesta.
Quatre présidents de fédérations sportives invités à dîner chez le premier ministre : la scène est rare. Pas de cravate, à l’exception d’un modèle rouge, unique fantaisie vestimentaire portée par André Giraud, le patron de la Fédération française d’athlétisme. En cette soirée du 7 octobre, Jean Castex souhaite une ambiance décontractée, à l’abri des caméras. Écouter, afin de tenter de dissiper le malaise. Car, après des Jeux de Tokyo décevants, le sport de haut niveau français a la gueule de bois.
Autour de la table s’installent André Giraud, donc, 74 ans ; Jean-Pierre Siutat, 62 ans, son homologue du basket-ball ; Philippe Bana, 64 ans, qui dirige le handball, et enfin Stéphane Nomis, 51 ans, ancien judoka international. Le plus jeune de la bande, président de la « fédé » de judo, sait, en chef d’entreprise, qu’il est de bon ton de venir avec un cadeau. Il offre à Jean Castex un dossard porté à Tokyo par Teddy Riner, la star des tatamis. Invitées, elles aussi, les patronnes du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Brigitte Henriques, 50 ans, et du Comité paralympique et sportif français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, 33 ans, complètent la tablée.
Tour à tour, chacun évoque ses motifs d’inquiétude : baisse du nombre de licenciés en raison de la pandémie, difficultés financières, autonomie des fédérations… Surtout, tous ont en tête l’échéance de Paris 2024. Ces « Jeux du centenaire », un siècle après ceux de 1924 déjà organisés à Paris, et pour lesquels la France a tant bataillé. Pendant deux semaines, le monde entier aura alors les yeux braqués sur la capitale. Chacun sait, autour de la table, qu’en haut lieu la réussite de l’événement sera notamment jugée à l’aune du nombre de médailles récoltées. Un critère peut-être réducteur, mais qui s’impose à tous. Même si, bien sûr, l’organisation, la qualité des infrastructures compteront également dans le bilan final. Il n’empêche : comme on mesure la santé économique d’un pays à son PIB, le poids des métaux fait office de thermomètre aux JO. Et la moisson de Tokyo, avec 33 podiums – pire bilan depuis les JO de Barcelone, en 1992 –, s’avère très inquiétante. Sauf miracle, l’objectif d’intégrer le cercle des cinq nations les plus médaillées, le fameux « top 5 » fixé par Emmanuel Macron, ne sera pas atteint. Tout le monde le sait, mais personne n’ose le dire trop fort. S’il est réélu en mai, le chef de l’État aimerait évidemment éviter le camouflet d’une clôture de « ses » Jeux plombée par un bilan sportif catastrophique.
Entre deux plats, ce 7 octobre, les langues se délient. Au cœur des ressentiments, l’Agence nationale du sport (ANS), une structure créée en 2019 et justement sortie du programme de l’ex-candidat Macron. Sa mission officielle : favoriser la pratique sportive, notamment le haut niveau. Autour de la table, un absent de marque aimante les critiques : Claude Onesta, nommé par le gouvernement manageur de la haute performance à l’ANS. En clair, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball (de 2001 à 2016), où il a connu d’incroyables succès à la tête des « Costauds » puis des « Experts », a la charge d’engranger un maximum de médailles dans deux ans et demi à Paris. Ce soir-là, à Matignon, « les patrons de la fédération de judo et d’athlétisme se sont livrés à une attaque en règle d’Onesta, lui reprochant beaucoup de choses sur la forme, témoigne un des participants. Ils avaient besoin de vider leur sac. Jean Castex a écouté, et surtout arrondi les angles. »
Les invités quittent Matignon peu avant minuit. Mais la discussion avec le premier ministre se poursuit jusque dans la rue. Il faut dire que Jean Castex, proche de Claude Onesta, connaît très bien tous ces sujets : avant d’être nommé à Matignon, il était le « M. JO » du gouvernement et président de la fameuse agence. Au même titre qu’Emmanuel Macron, il sait qu’il sera à coup sûr tenu pour responsable d’un éventuel échec en 2024....