a lire c'est trés interessant le point de vue de ce coureur.....
Cyclisme - Témoignage
«Trop d'incohérences»
A Geelong, en marge des Championnats du monde, se tenait une conférence sur l'avenir du cyclisme. L'organisateur y a lu une lettre rédigée par un des coureurs participant à ces Mondiaux et désirant conserver l'anonymat mais présenté comme l'une des figures majeures du peloton. Il s'insurge contre les conditions dans lesquelles sont effectués les contrôles liés au passeport biologique, fustige l'UCI et appelle à une nouvelle organisation du cyclisme professionnel. Un témoignage qui prend une drôle de résonance le jour où éclate l'affaire Contador.
Une voix sort du peloton et montre du doigt l'UCI, le passeport biologique et les contrôles antidopage. (EQ)
Une voix sort du peloton et montre du doigt l'UCI, le passeport biologique et les contrôles antidopage. (EQ)
«En tant que cycliste pro qui prend part aux Championnats du monde cette semaine à Geelong, je crois que : l'UCI s'est servie de la guerre contre le dopage comme d'une arme devenue une force incontrôlable au-dessus des équipes et des coureurs. Une sorte de terrorisme a obligé les équipes pro à financer le passeport biologique. On en a profité pour envahir notre intimité sans nous donner le droit de nous exprimer. Ils ont oublié que nous sommes des hommes. Je suis capable de voir mes valeurs sur le système de contrôle ADAMS. Mais je n'ai aucune garantie qu'ils soient réels.
Ils pourraient facilement être manipulés sans trop de difficultés. Ce sont toujours les mêmes personnes qui nous testent et elles ne sont pas si nombreuses. Ils disent qu'ils veulent créer des équipes de préleveurs, mais cela n'a pas été fait. Il ne devrait pas être si difficile de mettre sur pied de petits laboratoires mobiles, quelques-uns dans chaque pays, où on pourrait prélever un échantillon puis procéder à son analyse en présence du coureur. Certains peuvent dire que c'est impossible à faire et cher, mais ce sont nos vies qui sont en jeu.
«Trop de points faibles dans le système actuel»
Je connais très bien mes valeurs et je ne me plaindrais pas s'ils obtenaient les mêmes résultats devant moi. Mais je me plaindrais si, comme cela se produit aujourd'hui, on me sortait un échantillon anormal un an après. Je ne serais pas capable de me rappeler des circonstances de ce test, si je souffrais d'hémorroïdes ou si j'avais séjourné en altitude à ce moment.
Au contraire, si on établit des résultats anormaux en face de moi, on me demandera rapidement quel est le problème et je pourrai donner une explication s'il en existe une. Si je n'ai pas d'explication à donner, alors ça signifie qu'ils m'ont pris. De la même façon, si un coureur constate des irrégularités ou si la machine n'est pas exactement calibrée, il pourrait se rendre dans un laboratoire indépendant pour effectuer un double contrôle. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il existe trop de points faibles dans le système actuel.
«Je ne sais vraiment pas quand ou comment ils décident»
Des coureurs sont placés sur une liste noire et doivent donner des explications à un panel d'experts. Mais comment le font-ils ? Les tests sont effectués à toute heure, le matin ou l'après-midi, il se passe donc un certain temps entre le prélèvement et l'arrivée de l'échantillon au laboratoire. Il existe trop d'incohérences. Par exemple, tous les résultats prélevés cette année à Paris-Nice étaient plus élevés que la normale. Tous. Pour tout le monde. Pourquoi ?
Moi-même j'ai constaté des variations dans mon profil qui peuvent être normales mais qui pourraient aussi être considérées comme anormales par le panel d'experts. Je ne sais vraiment pas quand ou comment ils décident. Les formules statistiques et les calculs qu'ils effectuent sont certainement corrects, sauf que ce qu'ils font n'est pas clair. Dans le processus de contrôle de l'EPO dans les urines, un laboratoire doit procéder à soixante-dix différentes étapes. Chacune d'entre elles peut donner lieu à manipulation. Si le laboratoire était indépendant, personne n'aurait intérêt à les manipuler. (...)
Qui surveille les contrôleurs ? Pourquoi ne pourrait-il pas exister de contre-panel qui pourrait aussi examiner les résultats ? Maintenant (...), la seule chose qui existe, ce sont les doutes. Que va-t-il m'arriver dans le futur ? Comment vais-je être capable de donner des explications ?
«La corruption entre en jeu»
La corruption entre en jeu. Il est absolument nécessaire de se prémunir contre la corruption. Je ne sais pas si elle existe parce que je n'ai aucune preuve de cela. (...) Néanmoins, la fragilité du système dans lequel nous vivons pourrait assez facilement lui donner de la consistance.