Suite à des douleurs récurrentes au dos, Pérec devrait annoncer officiellement la fin de sa carrière sportive. Le plus beau joyau de l'athlétisme français jette les pointes.
Ciao l'Artiste !
La voix, hésitante, se veut soudain rassurée. Le ton est plutôt joyeux, mais Marie-José Pérec persiste à tisser un mystère qu'elle dit être « de prudence. » Rien n'a changé. « Je suis faite pour courir », aime-t-elle répéter. Et quand le moteur a des ratés, la femme se replie, se tend, s'isole et parfois disparaît. Cela peut durer des mois. Vingt-cinq entre son départ de Sydney et une mise en sène médiatique tonitruante il y a un an ! Et, tout à coup, volubile, elle annonce une prochaine déclaration : « Dans peu de temps. Enfin, dans quelques semaines... Il faut que je m'organise. »
Autour d'elle, le bruit de la rue, de la famille. Les cris des enfants qu'elle adore. A la mi-journée pour elle, quelque part en Guadeloupe. Du côté de Basse-Terre, près du golfe des Abymes où elle a tenté ces derniers temps de reprendre la course. « Mais je souffre, c'est terrible. Ce mal au dos ne me quitte pas depuis un an et personne n'y peut rien. Les infiltrations m'ont un peu soulagée, mais ce n'est pas une solution à long terme. » L'avenir est hors de la piste. « La dernière fois où j'ai eu un contact direct avec elle, c'était lors des Mondiaux de Paris (23-31 juillet) et, indirectement, c'était il y a un mois : elle trottinait en Guadeloupe et vivait sa vie », précise Robert Poirier, le directeur technique national.
Silences. Son équipementier n'a pu retenir une grosse colère en janvier : « Marie-Jo avait un contrat pour 2003 et elle est partie en septembre sans un mot ! Nous aurions pu imaginer une après-carrière sportive et je crois qu'elle est profondément malheureuse », grondera Stéphane Grimault, le PDG de Reebok (1). « Nous sommes sans nouvelle depuis novembre », précisait hier Patricia Menant, l'une de ses proches depuis le premier contrat signé en 1989. « Je n'ai aucun différent avec eux », insistera Pérec. Il y a un an, à San Diego (Californie), elle enchaîna une séance qui stupéfia son entraîneur qui nous a révélé « trois 200 m lancés en 21 s 7, 22 s 1 et 21 s 9 ! C'en était effrayant et j'ai failli remesurer la piste », dit, admiratif, Brooks Johnson. Queques jours plus tard, le 23 avril, elle avouait une inflammation du nerf sciatique et ce fut un forfait général.
A bientôt 36 ans (le 9 mai), Marie-José Pérec qui n'a disputé que sept courses depuis 1998 la dernière le 8 juillet 2000 ne peut plus trottiner sans souffrir. Elle a désormais retrouvé son univers familial, ses copines de toujours, celles des « Caleçons All Stars » un groupe qui faisait le Carnaval, ses plages blondes, ses lumières, ses bruits d'enfance et ses odeurs de cannelle, de carambole et de sapoti. Et puis aussi la Rivière aux Herbes qui charriait les légendes au pied de la maison. « Je suis comme la Guadeloupe m'a faite », nous dit-elle. Elles se sont retrouvées, définitivement.
(1) De 1992 à 2000, elle fut l'une des sportives les plus courtisées par les sponsors avec les pilotes de F 1, certains footballeurs et tennismen.
