(lemonde.fr)
Richard Gasquet, contrôlé positif à la cocaïne au tournoi de tennis de Miami, a porté plainte contre X... devant le tribunal de grande instance de Paris, jeudi 4 juin, pour "administration de substance nuisible ayant porté atteinte à [son] intégrité physique".
Depuis qu'il avait appris ce contrôle, le 1er mai, le joueur ne s'était pas exprimé. C'est désormais chose faite. Il clame son innocence. Il affirme que, s'il a ingurgité de la cocaïne, c'est involontairement.
Comment cela est-il possible ? "Lorsque j'ai appris [le contrôle positif] je me suis dit que c'était un truc de fou!, raconte-t-il. Jamais je n'aurais pris cette merde".
EN COMPAGNIE DE TROIS FRANÇAISES
Passée la surprise, il a ensuite tenté de remonter le fil de l'histoire. Ce contrôle positif a eu lieu en marge du tournoi de Key Biscayne, à Miami (Floride), le 28 mars. Le joueur venait de déclarer forfait avant le premier match, en raison d'une tendinite à l'épaule.
La veille, explique-t-il, sachant qu'il ne jouerait pas, il est sorti en boîte de nuit, au Set, en compagnie de son entraîneur, Guillaume Peyre, et de deux autres membres de l'encadrement du Team Lagardère, sa structure d'entraînement, Rémy Barbarin et Thierry Champion. C'est là qu'aurait pu se produire l'incident.
Qu'a-t-il pu se passer ? "Ce sera à l'enquête policière de le déterminer", continue de s'interroger Richard Gasquet. Le joueur, qui a pensé à une contamination par une boisson, assure avoir fait attention à ce qu'il buvait.
"Une vodka-pomme, dans un verre que je n'ai pas quitté, puis une bouteille d'eau, que j'ai ouverte moi-même, et une autre vodka-pomme, servie au bar", énumère-t-il.
Comment, alors, a-t-il pu absorber de la cocaïne ? Sur la piste d'un contact physique avec une jeune fille, il ne s'étend pas : "Il y a des choses que je réserve à la police", dit-il.
Dans sa plainte, Richard Gasquet précise qu'il est arrivé en compagnie de trois Françaises, prénommées "Pamela, Francesca et Nouria", et que, selon un témoin, de la drogue aurait circulé à la table à laquelle il était assis, en compagnie d'une dizaine de personnes. "Je ne me suis rendu compte de rien", assure-t-il.
L'avocate du joueur, Marie Burguburu, insiste sur le fait que la quantité de drogue retrouvée dans les urines de son client (151 nanogrammes par millilitre) est "très faible", explique-t-elle. "Je n'ai rien ressenti, affirme Richard Gasquet. On m'a dit que ça correspondait au dixième d'un rail [la portion standard de cocaïne]."
Lorsqu'il a appris son contrôle positif, "il était complètement abattu", raconte son père, Francis, qui garde toute confiance en son fils : "s'il avait su qu'il avait pris de la cocaïne, il aurait su que le contrôle serait positif, et il n'aurait pas pu jouer des tournois tranquillement, comme il l'a fait après Miami."
"Dans les vestiaires, tout le monde se pose, bien sûr, des questions. Mais Richard n'est pas le genre de joueur dont on se dit : “c'est possible, il a peut-être dérapé”", abonde le joueur Fabrice Santoro, l'un de ses proches.
CELLULE DE CRISE
"Richard est quelqu’un qui a une bonne hygiène de vie. Du genre couche-tôt ! Il fallait même que je le freine quand il voulait manger à 19 heures 30", assure aussi son ancien entraîneur Eric Deblicker, s’inscrivant en faux contre la réputation de fêtard du Biterrois.
Très vite, une cellule a été mise en place, autour de l’agent du joueur, Nicolas Lamperin, et de Ramzi Khiroun, spécialiste de la communication de crise pour le groupe Lagardère, qui a également travaillé pour Dominique Strauss Kahn, le président du Fonds monétaire international (FMI). "C’est eux qui ont tout fait", raconte Francis Gasquet.
Le choix a été, dans un premier temps, de ne pas communiquer. "Il fallait d’abord comprendre l’affaire et ne pas risquer une “virenquisation”", explique une source proche de l’affaire. Le cycliste Richard Virenque avait affirmé avoir été dopé "à l’insu de son plein gré" lors du Tour de France 1998. La formule avait fait rire toute la France.
Une expertise capillaire a donc été rapidement effectuée, qui n’a pas relevé de trace de drogue dans les cheveux. La faiblesse des taux de cocaïne trouvés par l’ITF a aussi été soulignée dans un communiqué. Un test ADN a ensuite été demandé à un laboratoire pour vérifier que les urines prélevées étaient bien celles du jeune homme. Une fois la confirmation reçue, il a été décidé qu’il pouvait s’exprimer.
"Ça a été très dur de me taire, en entendant toutes les conneries qu’on disait sur moi. Parfois, on a envie de taper ! La première semaine, je ne suis pas sorti de chez moi", raconte-t-il. "Je lui ai dit, c’est tellement énorme que ce doit être une sorte d’épreuve proposée par le destin", confie son père.