philathle a écrit :Je suis bien d’accord avec toi que le degré de maturité physique (pas seulement la taille, mais surtout la puissance musculaire qui vient ordinairement un peu après la prise de taille) est l’élément essentiel qui permet d’apprécier le potentiel d’un minime déjà performant, et qu’il faut donc se montrer très prudent face à certaines perfs très précoces.
J'évoque la courbe de croissance non pas en tant que cause, mais parce que, à choisir parmi les critères les plus manifestes, c'est celui qui est le plus efficacement corrélé au degré de maturité physique qu'il s'agit ici d'évaluer de visu (par exemple pour un entraîneur).
Dans l'immense majorité des cas, situer à quel âge est survenu le pic de croissance permet d'avoir une bonne approximation de où en est l'athlète dans son développement pubertaire.
En moyenne, ce pic débute entre 13 et 14,5 ans chez les garçons. En deçà on est plutôt précoce (avec subséquemment de forte probabilité d'arrêter sa croissance dès 15 ans), au delà on est plutôt tardif (croissance pouvant se prolonger jusqu'à 20-21 ans). En général, la maturité musculaire est corrélé, puisque ces phénomènes sont sous-tendu par les mêmes hormones. C'est durant ces 10 à 15 mois d’accélération de la croissance osseuse et musculaire que surviennent la plupart des transformations faisant passer l'ado d'infantil à pré-adulte.
philathle a écrit :Mais ce n’est pas non plus à mon avis le seul critère à prendre en compte. Par exemple la quantité/qualité de l’entraînement est également un facteur important.
Bien évidemment, mais là je présupposais le cas typique d'un jeune qui, bien que réunissant des conditions favorables à sa bonne progression, décevrait des attentes ne tenant pas compte du facteur principal qu'est la maturité physique.
philathle a écrit :Pour reprendre l’exemple de Jimmy Vicaut, sans être un minime particulièrement en avance physiquement, il était pourtant déjà très bien bâti, et avec des qualités indéniables de pied et de puissance naturelle.
Bien bâti en minime, par rapport à la moyenne de son âge, peut-être, mais par rapport à la norme au même âge des rares sprinteurs aussi massifs et puissants que lui en senior, il était relativement freluquet. Je me souviens qu'à l'hiver 2009, en cadet 2, à l'époque où ses 6"80 au 60 avait attiré l'attention sur lui, sa fiche FFA indiquait 1m84 pour 75 kg, ce qui, même à 17 ans, est assez fin pour un sprinteur. On voyait déjà qu'au niveau des fessiers, quadri et ischio, il avait un sacré potentiel, mais il a fallut une maturation relativement tardive pour qu'au final il grappille encore 4 cm de stature (ce qui n'est pas si commun) et atteigne sa masse musculaire actuelle (visiblement plus de 90 kg).
philathle a écrit :Bref, bien difficile sans informations très précises en tout domaines d’évaluer ce qu’un jeune athlète de 15 ans pourra faire plus tard. Et encore, il y a parfois des choses assez "incompréhensibles", des progressions normales qui s'arrêtent tout à coup sans raison apparente, des "déclics" là aussi inattendus etc...
Pas si difficile que ça dans la majorité des cas, pourvu que l'on parle bien de potentiel dans une perspective probabiliste (option raisonnable) et non de réalités effectives avec tous les accidents de parcours et autres contingences que cela implique (option vainement perfectionniste, par nature vouée à l'échec, à se demander si ce n'est pas le but inconsciemment recherché).
Les exceptions et contre-exemples marginaux ne doivent pas occulter la réalité de tendances lourdes qui se laissent raisonnablement apprécier dans les grandes lignes à un niveau de prédictibilité assez satisfaisant en pratique pour que l'on y indexe son jugement.
Et beaucoup des illogismes que tu suggères ne paraissent illogiques qu'à l'aune de prédictions faussées par une systématisation mal fondée ou n'intégrant pas suffisamment de critères, échec prédictif qui pousse trop souvent à jeter le bébé avec l'eau du bain.