«On s’adapte aux stades »
JEAN-MARC L’HÉNORET, avec Fred Godard, réalise les matches de rugby sur France Télévisions. À la veille de Perpignan-Leicester, il évoque les difficultés du métier.
« LA FAÇON DE RÉALISER le rugby à la télévision a-t-elle évolué. ?
– Pas fondamentalement, on a plus de pression en raison de l’arbitrage vidéo. Avec nos quatre caméras situées dans la zone d’en-but, on ne peut pas se manquer car on peut influer sur le sort du match.
– Sur France Télévisions, vous travaillez souvent avec Fabien Galthié. Vous demande-t-il des
choses particulières ?
– On se parle beaucoup. D’abord avant le match pour faire un point sur les duels à suivre. Ensuite, pendant, Fabien me demande souvent de remontrer des phases de jeu exemplaires. Par exemple, son dada, ce sont les turnovers (*) qui emmènent les
essais ou des actions très dangereuses. Il peut me faire remonter très loin en arrière, mais c’est souvent très parlant à l’écran.On a un dialogue permanent.
– Et avec les clubs, échangezvous aussi fréquemment ? Les stades sont-ils adaptés aux exigences de la télévision ?
– On ne peut pas dire ça et c’est dommage. Il y a encore des stades où il est très difficile de travailler.
– Lesquels par exemple ?
– Charléty. Lorsque vous placez les caméras dans leur emplacement situé à mi-hauteur des tribunes, il vous
manque la moitié du terrain. À Brive aussi, où la sono est installée à l’endroit dédié aux caméras. Et ce n’est pas l’apanage des vieux stades. À Montpellier, ils avaient tout simplement oublié les emplacements caméras et commentateurs. Ce qui est dommage pour une enceinte toute neuve.
Idem pour la nouvelle tribune d’Aguiléra à Biarritz… Alors on s’adapte, mais c’est moins bien, forcément.
– Une dernière chose : les caméras, au lieu de filmer l’attitude des joueurs au coup de sifflet final,montrent les gradins. De la sorte, on perd souvent des images très fortes. Avez-vous des consignes ?
– Non, franchement. La seule chose que l’on nous demande, c’est de donner plein écran, tout de suite le match terminé, le score avec les points marqués. Alors peut-être que l’on profite des images des supporters pour passer ces informations, mais c’est tout. En tout cas, il n’y a aucune demande des sponsors. »
PHILIPPE MARIA
(*) Lorsque, sur des phases de jeu,
comme une mêlée ouverte, la possession
du ballon change de camp.