Marie-Rose juge Powell


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stathled
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Date du message : Wednesday 15 June 2005 à 21h35


15/06/2005
Athlé : Marie-Rose analyse le record de Powell

De passage à l'Equipe TV, Bruno Marie-Rose, ancien recordman du monde du 200 m (en salle) et du 4x100m, est revenu sur le record du monde du 100 mètres battu à Athènes par le Jamaïcain Asafa Powell.

« Bruno Marie-Rose, que vous inspire cette performance extraordinaire, réalisée très tôt dans la saison ?
Il est difficile de se projeter, mais déjà, il est sûr que son échec de l'an dernier (à Athènes) l'a beaucoup motivé. C'est à son âge (22 ans) que j'avais battu le record du 200 mètres en salle. C'est à cette période qu'un sprinteur doit passer le cap psychologique pour continuer à se dépasser. Ce record va certainement lui donner un maximum de confiance pour aborder les prochains rendez-vous. Déjà, il y a une semaine, à Ostrava, il a fait une course fabuleuse, quasiment la même qu'hier, mais les conditions climatiques l'avaient pénalisé. A Athènes, il a gagné ce dixième grâce aux conditions favorables. Désormais, il met la pression sur ses adversaires, car, en plus, il est très régulier.

Comment analysez-vous sa course ?
Il a fait une course en deux temps, un peu comme un Carl Lewis. D'abord, il y a eu la poussée avec une mise en action très fluide jusqu'aux 40 mètres. Cette mise en action est peut-être moins violente que celle d'un Maurice Greene, mais il est resté parfaitement en ligne. Par la suite, il a continué à accélérer visuellement tout en restant très relaché, là où un Greene commence à plafonner et passe en force. Et ses adversaires ont pris plus de deux mètres dans la vue en trente mètres. Enfin, sur ses dix derniers appuis, on le voit regarder le chrono du stade, ce qui prouve qu'il se sentait bien et capable de ce record. Dire qu'il l'avait programmé est peut-être un peu fort, mais en tout cas il l'avait dans les jambes depuis un petit moment. Il est important aussi de signaler qu'à l'arrivée, il a tout de suite réagi en se trouvant des défauts, preuve qu'il a encore des centièmes à grignoter.

Désormais, avec un record du monde mais aucun titre, quel conseil lui donneriez-vous pour rester au sommet ?
Un record du monde, c'est bien, mais il sera battu un jour. En revanche, un titre, on ne peut pas vous l'enlever. C'est désormais son objectif. Et pour y arriver, il lui faudra garder la même ligne de conduite et travailler. On le dit fragile dans les grands rendez-vous. A lui de montrer qu'avec ce temps de référence, il peut désormais prétendre tout raffler. La même course avec de l'adversité peut lui permettre d'encore progresser. Mais il lui faudra travailler psychologiquement pour garder un Justin Gatlin derrière lui. Pour moi, la meilleure attitude serait qu'il conserve sa mentalité actuelle, simple et sans prise de tête, afin de continuer à progresser dans de bonnes conditions. »

Propos recueillis par Bertrand Regagnon (lequipe.fr).

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