le goût de l'effort


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Bek
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Date du message : samedi 15 août 2009 à 22h54


Plus de 6 mois que je n'ai pas accroché un dossard sur mon maillot. Mon retour est pour ce matin, je ne pouvais pas faire attendre plus mes deux guibolles qui me démangent.

Il ne s'agira pas d'athlétisme, le programme pour ce matin est une montée cycliste de 18km de Bagnères de Luchon à la station de Superbagnères, 1200m de dénivelé.

05h30: le réveil sonne, aucun mal à se lever, l'excitation de la compétition est là.
06h30: départ en voiture, 150km de route pour 18km de compétition. Passion quand tu nous tiens...
07h30: A64, le regard bienveillant de l'observatoire du pic du Midi, mon vélo est derrière moi dans le coffre, lui aussi est prêt. A côté de moi mon beau maillot, bien plié, dans quelques heures ce tissu aura l'odeur du combat livré sur l'asphalte.
08h30, mairie de Luchon: Inscription, je prends mon dossard le départ est à 10heures, un petit noir, un vestiaire improvisé entre deux voitures et je suis sur mon vélo, tête libre, je tourne les jambes. Mon beau maillot rose est sur les épaules, je pense à mes idoles Fausto Coppi, Louison Bobet, Miguel Indurain. Ces seigneurs de la bicyclette...
09h55: Je mets mon casque, le départ est imminent, je sens à nouveau le stress de la course. Mon pouls monte, je souffle long et essaie de rester calme. Je sais que c'est pour ces sensations que je suis là.
10h00: Départ fictif, je suis à l'arrière du paquet, moi le non licencié au milieu de ces triathlètes et cyclistes, mais j'ai le couteau entre les dents, prêt à mourrir au champ d'honneur.
10h05: Nouveau regroupement au pied de la montée, cette fois c'est le départ réel. Un peu d'inexpérience de ma part et de stress, je mets 5 secondes à chausser ma cale dans la pédale. Le bon groupe est déjà parti. Je suis en chasse-patate. mais aux premières rampes difficiles certains volent en éclat devant moi. Je ramasse les morts, les laisse sur place.
10h35: La première partie de la montée est plutôt bien passé, mais je suis désormais seul. Chacun est à sa place et des écarts sont faits, les jambes commencent à devenir dur. Un rapide coup d'oeil autour de moi, qu'est ce que c'est beau mais je souffre trop et je regarde surtout mon pneu avant. J'essaie d'en remettre une couche d'avaler un morceau de sucre mais mon coeur est à fond, le soleil tape et même une simple pierre est dur à ingurgiter.
A 5km du sommet je suis cuit mais je m'accroche encore, pour moi, parce que je ne relacherai pas avant la ligne. Je suis tout à gauche, 34x27, 34x24 pour relancer parfois. je n'ai plus la force d'enmener du braquet mais je tourne encore les jambes comme un dératé. A 3km du sommet je commence à voir l'hotel qui est à l'arrivée mais c'est interminable et la pente ne faiblit pas. Je relance mais la vitesse de mon compteur ne bouge pas, je me mets à plat ventre sur ma machine et tourne les jambes comme un moulin à café je manque de sortir de la route car je ne regarde plus devant moi. je suis à deux doigts de la fringale, mon ventre me travaille.
1h de course: dernière ligne droite de course, je me fais sauter la barrique, à plat ventre j'appuie encore plus fort, j'arrive à l'entrée du village mais la ligne n'est pas encore là. 400mètres me crie le bénévole. Je la vois.
11h10: Je descends 3 pignons et dans un dernier effort lâche le dernier zeste d'énergie pour finir à bloc devant le public.

Je m'écroule sur le cintre 10mètres derrière la ligne, mes jambes me brûlent, j'ai une remontée de lactique dans l'estomac. J'ai faim mais je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Le premier a franchi la ligne il y a 15 minutes, derrière d'autres courreurs arrivent encore. Je me fiche du classement. L'important est cette souffrance délicieuse que j'avais oublié. promis je referai ce type d'effort, mais avec quelques séances spécifiques et on verra ce que ça donne.

Je redescends à la voiture en bas, savourant ces instants passés. Beaucoup nous prendraient pour des fous en lisant un tel récit.

Ce doit être ce qu'on appelle le goût de l'effort.

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"Nous aimons tous gagner, mais combien aiment s'entraîner?" Mark Spitz

Message modifié le samedi 15 août 2009 à 22h56 par Bek

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Date du message : samedi 15 août 2009 à 23h50


Bek is back!!!

y a plus qu'à faire de chaque QL un fartleck, poser la louche dans l'écuelle, et agiter les ailes !

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Ce matin au bout de la croisée s'est posé un pigeon
comme je lui confiais les secrets de mon coeur
il est parti vers toi le pigeon voyageur
oh ange de douceur etends sur ma souffrance
le charme caressant de ta douce presence

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Crikette
Boulimique du forum!

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Date du message : dimanche 16 août 2009 à 15h56


Sympathique le texte! Ca donne envie de courir ça aussi!

Crikette

"Une des clés du succès est la confiance en soi. Une des clés de la confiance en soi est la préparation." Arthur Ashe

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Bek
Membre historique

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Date du message : dimanche 16 août 2009 à 22h54


Crikette a écrit :

Sympathique le texte! Ca donne envie de courir ça aussi!

Merci Crikette, bon courage pour ta reprise, à cet hiver sur un champ de cross peut-être.
Lolo c'est ce que je suis en train de faire, 3 footings cette semaine en plus du vélo,
et avec une dénivelé certain! Le fartleck se fait naturellement et en gardant les pieds droits dans la pente lors de la descente!

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"Nous aimons tous gagner, mais combien aiment s'entraîner?" Mark Spitz