Le capitaine de l'Italie championne du monde a été désigné Ballon d'Or France Football 2006. Son exceptionnel tournoi allemand aura écrasé quelques mois quelconques et une image ternie par différentes affaires.
La Coupe du monde a primé
La désignation du 51e lauréat était un secret de polichinelle. Les 52 jurés européens choisis par France Football pour élire le footballeur de l'année ont bien encensé Fabio Cannavaro, le défenseur du Real Madrid. Âgé de 33 ans, l'Italien est arrivé largement en tête des votes avec vingt premières places décrochées et 49 points d'avance sur son collègue en sélection Gianluigi Buffon. Ce vote clair et original a promu deux Italiens mais surtout deux joueurs défensifs aux deux premières places. Tout simplement inédit dans les deux cas. Ce plébiscite vient évidemment couronner les excellentes prestations de ces deux joueurs, vainqueurs avec l'Italie du titre suprême remporté le 9 juillet en Allemagne face à la France (1-1, 5-3 t.a.b.). Une Coupe du monde remportée derrière, grâce notamment à ces deux hommes, quasiment infranchissables. Les jurés ont été beaucoup moins regardant sur les prestations du vainqueur sur l'ensemble de la saison et sur son exemplarité en dehors des terrains. Selon ses critères, le Ballon d'or doit récompenser un joueur sur l'ensemble des performances individuelles et collectives sur l'ensemble de l'année considérée, sa classe (talent et fair play), sa carrière plus sa personnalité et son rayonnement.
La Coupe du monde reste une oeuvre de première classe dans la saison mouvementée de Cannavaro. Le capitaine italien, qui n'a pris aucun carton jaune en sept matches, a été désigné deuxième meilleur joueur de la compétition derrière Zinédine Zidane. L'après Mondial, en revanche, s'est avèré beaucoup plus difficile. Depuis son arrivée à Madrid, Cannavaro n'a été parfois que l'ombre du joueur autoritaire, tranchant et au placement parfait croisé sur les pelouses allemandes. Le protégé de Capello s'est noyé deux fois face à Lyon en Ligue des champions (0-2, 2-2) et face aux Bleus au Stade de France le 6 septembre (3-1). Impliqué sur certaines affaires, l'image du joueur en a pris un coup. En 2005, une vidéo amateur diffusée par la Rai sur un sujet sur le dopage le montrait, à l'époque où il jouait à Parme, tout sourire en train de s'injecter par intravéneuse un médicament tonicardiaque, qui n'était pas inscrit sur la liste des produits interdits. Et pour remonter à des faits plus récents, l'ancien Turinois n'a pas échappé au scandale qui a secoué la Juve cet été. Son soutien appuyé à Luciano Moggi, au centre de l'affaire des matches truqués, a laissé perplexe, jusqu'au sélectionneur Marcelo Lippi.
Thierry Henry sur le podium, Samuel Eto'o 6e
Avec 173 points, Fabio Cannavaro distance largement le gardien turinois Gianluigi Buffon et l'éternel outsider Thierry Henry. Le Gunner, après sept années consécutives dans le Top 10, échoue comme il y a un an sur le podium. Meilleur buteur en Premiership (27 buts) pour la quatrième fois, il a pourtant été le seul à se hisser jusqu'aux deux grandes finales de l'année, Ligue des champions et Coupe du monde. Derrière ce podium, un gouffre. Ronaldinho, le lauréat 2005, n'a que 73 points, soit 48 de retard sur l'attaquant d'Arsenal. Le joueur le plus talentueux du monde a souffert d'une morne Coupe du monde. Zinédine Zidane (5e) a très bien fini la sienne mais son bilan restera à jamais terni par son coup de tête sur Marco Materazzi. Enfin, Samuel Eto'o (6e), le fantasque buteur du Barça, champion d'Europe 2006, a réussi un premier semestre de toute beauté mais il paie l'absence du Cameroun en Allemagne et une grave blessure en septembre. Favori pour beaucoup, Eto'o attendra donc avant de devenir le deuxième joueur africain après Weah (1995) à soulever le trophée.