"L'insécurité sociale" des athlètes de haut niveau


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letsrun
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Date du message : Friday 1 April 2005 à 22h41


La précarité du statut des athlètes de l'élite, ceux qui font parfois le bonheur de la France lors des grandes compétitions, est un problème récurrent contre lequel "Championne 2012", une association d'anciens sportifs de haut niveau, est partie en guerre.

La volonté de réussir des performances demande une disponibilité à plein temps. Même si ces sportifs gardent une image d'amateurs, ils se préparent comme des professionnels. D'ailleurs, la loi ne fait pas de distinction et beaucoup souffrent, selon l'association, de "l'insécurité sociale".

Ce problème intervient quand les sportifs ont quitté le giron de l'école, lycée ou université, c'est-à-dire généralement vers entre 22 et 25 ans. Dans ce cas, à l'INSEP ou ailleurs, ils sont rémunérés par une bourse ou une indemnité provenant de leur club, d'une collectivité ou du ministère.

Mais ces sommes allouées ne sont pas soumises aux cotisations sociales. Et n'attribuent pas de points retraite ou de couverture sociale. A titre d'exemple, des soins médicaux sont difficilement pris en charge et une fin de carrière à 30 ans entraînera une retraite à taux plein à plus de... 70 ans.

5000 athlètes

Certaines fédérations tentent de contourner le problème en faisant signer une convention avec les douanes, EDF ou la Poste à leur élite. Ces athlètes, comme ceux employés par les clubs ou ceux qui ont un partenaire, bénéficient alors d'une fiche de salaire et donc des avantages inhérents.

Mais en sachant que le haut niveau concerne quelque 5000 athlètes par an, il apparaît évident que tous ne peuvent bénéficier de ces conventions ou contrat de clubs. Encore moins de sponsors. Le judo n'a ainsi signé qu'une vingtaine de conventions et la gymnastique, cinq.

La solution serait, pour "Championne 2012", de créer un statut du sportif de haut niveau. Et que les aides apportées comprennent les points retraite et la sécurité sociale. "C'est un travail législatif", note le patron des équipes de France de gymnastique Michel Boutard qui se "bat depuis 20 ans" sur ce sujet.

Pour M. Boutard, les gymnastes - comme beaucoup d'autres sportifs inscrits sur les listes du haut niveau ne dépendant pas d'une ligue pro (basket, football, rugby, volley) - "sont de véritables professionnels". Et ils devraient "être assimilés à des travailleurs".

"Encore faut-il savoir qui cela concerne", estime le Directeur technique national du judo Fabien Canu. "Cela doit s'adresser vraiment à l'élite. On ne peut ouvrir de nouveaux droits à tout le monde", ajoute-t-il, plaidant pour la prise en compte pour les retraites de chaque année au haut niveau.

Réunion le 26 avril

"J'ai connu ce tracas avec des athlètes. C'est au ministère et aux fédérations d'alerter les jeunes", assure l'entraîneur national de cyclisme Daniel Morelon qui, grâce à son "milieu familial", a cotisé pendant sa carrière car il a "toujours été salarié".

Cette limitation, l'association l'accepte. Mais elle exige des critères très précis. Elle réclame aussi une instance représentative réelle des athlètes et une série de mesures en termes d'argent, d'emploi, notamment avec la possibilité d'une embauche comme fonctionnaire de catégorie C, et de logement.

"On veut faire claquer la Marseillaise sans s'en donner les moyens", déplore l'ancien judoka Mourad Ghazli à l'origine de l'associationanciens athlètes, dont 50 médaillés) et selon lequel "30 % (311 athlètes) de la sélection olympique d'Athènes n'avait pas de couverture sociale".

Interrogé, le Ministère des Sports a indiqué qu'un groupe de travail sur ce thème a été créé. Avec des représentants des intervenants du sports (sportifs, directeurs techniques...), il se réunira pour la première fois le 26 avril. Les premières décisions sont attendues au cours du deuxième semestre 2005.