L'expérience kenyane de sophie Duarte


Message

grillon
Visiteur


Date du message : Friday 3 February 2012 à 22h56


country

L'expérience kenyane de Sophie Duarte : "tu es face à toi même"

Publié le 02 février 2012 à 09h45..... vo2


Sophie Duarte aux Europe de cross 2011 en Slovénie (photo G.B.)

Au Kenya, la petite commune d'Iten située à 2400 m d'altitude est devenue en quelques années un centre d'entraînement international qui permet de courir au quotidien avec certains des meilleurs demi fondeurs et marathoniens du monde. Sophie Duarte fait part de son expérience personnelle lors de son dernier stage au Kenya.

Pour moi, le plus difficile n’est pas aujourd’hui de s’acclimater à l’altitude vu mon expérience et mes derniers stages réalisés il y a moins de 2 mois à Font Romeu .Plus les séjours en altitude sont répétés en cours d une année plus l’adaptation est facile. Surtout si ces stages ne sont pas entrecoupés de longs séjours en plaine.

Je pense également que le corps a une mémoire. Mes premiers stages en altitude particulièrement au Kenya m’ont parus difficiles lors de mes premiers pas à Iten l’an passé. Aujourd’hui, le paramètre incertitude sur les changements climatiques (plus chaud et plus sec), de terrains (pentus et durs) me sont connus. Tout comme les différences entre un entraînement à la kenyane (à jeun au lever du soleil ou tri-quotidien) et les différences sociales qui ne sont pas à négliger.


Prendre le temps de s'adapter

Le plus dur reste toujours les premiers jours à digérer, le voyage long et fatiguant pour rejoindre Iten.

Puis dans un second temps, il faut s’acclimater à une température plus chaude avec un soleil plus ardent. A 2400 m d’altitude, même si mes stages sont nombreux à cette altitude, il ne faut pas nier ce paramètre au niveau biologique. Il demeure des bouleversements et il est nécessaire de respecter un protocole les 3 premiers jours avec intensité moyenne et travail de renforcement léger.

3 jours cruciaux qui m’ont permis de digérer la Corrida de Houilles et le voyage. Je conseillerai donc aux néophytes, d’éviter les footings à 6h du matin, au lever du soleil et de ne pas tripler les séances, il faut prendre le temps de s’adapter.


Un stage volumineux en kilomètres

Ce stage était plutôt prévu comme un stage de réoxygénation , de rappel d’altitude après mon début de saison en cross .

Je suis arrivée fatiguée et un peu émoussée des diverses courses et surtout des déplacements. Font Romeu, Maroc, quelques jours à Istres, les divers cross, la Slovénie…J’ai pris ce stage comme un retour aux sources de la course à pied. Footings à allure moyenne voir rapide sur des parcours très vallonnés, du travail en nature encore avec des fartleks courts et mi longs. J’ai fonctionné avec le groupe de Jean François Pontier, puis bien sûr avec quelques coureurs kenyans que je connais, surtout pour les footings matinaux.

Ce stage était volumineux en kilomètres. Cela va bien avec mon caractère boulimique de l’effort. On se laisse aller dans un endroit où tout est magique pour le coureur de fond et j’avoue pour ma part avoir du mal à me canaliser. Heureusement les petits bobos du passé m’ont fait penser à ne pas trop en faire au risque de me blesser. Le danger est de basculer dans le trop.


Rester en équilibre

J’ai remarqué de manière étonnante qu’au Kenya, le cœur a du mal à monter. Les parcours étant vallonnés, notre foulée se raccourcie. Certes on fait du renforcement naturel, mais il ne faut pas oublier d’intégrer de la qualité pour garder la cadence de foulée. Pour ce qui est de la fréquence cardiaque, nous sommes en altitude à plus 2200 m, il faut donc veiller à garder un équilibre pour enrayer la fatigue et le sur entraînement.

Plus que l’ entraînement en altitude, le Kenya est un pays riche en enseignement et l’on ne revient pas indifférent de ces expériences.

A Iten, personne ne se plaint, c’est dur mais dans la bonne humeur. De nombreux médaillés olympiques font des envieux, et beaucoup sont dans le rêve. Alors ils s’astreignent à des quantités d‘entraînement hors du commun. Tripler au quotidien n’est pas un problème même si certains ne mangent qu’une fois par jour, et beaucoup fonctionnent sur des plans quasi identiques.


Savoir de quoi tu es capable

Pas de tartan, pas de barrières mais un paysage hors du commun surplombant la vallée du Rift. Bien entendu, le mauvais revêtement et l’altitude font que nous sommes totalement centrés pour aller jusqu’au bout de la séance. Contempler le paysage passe en second.

Ces que je viens chercher à Iten ? Le silence des footing matinaux en groupe où tu te cales aux foulées et respirations des leaders qui gèrent les allures. Endurer des footings long et pentus, des fartleks qui n’en finissent jamais qui attaquent très vite parce que à côté de toi une kenyane veut te tester pour savoir de quoi tu es capable…tu souffres mais il n’y a personne pour te juger, tu es face à toi même.

La Gloire ne peut être où la vertu n'est pas /Lamartine