Le Hongrois Adrian Annus, champion olympique le 22 août du lancer de marteau des JO-2004, a été disqualifié et privé de sa médaille d'or pour avoir refusé de se présenter le 27 août à un contrôle antidopage hors compétition, a annoncé dimanche à Athènes le Comité international olympique (CIO).
Son déclassement offre le titre au Japonais Koji Murofushi. Initialement troisième, le Bélarusse Ivan Tikhon hérite de la médaille d'argent et le Turc Esref Apak accède au podium.
Outre ce refus, qui constitue l'infraction au règlement antidopage qui a justifié la sanction, le CIO a noté dans un communiqué une présomption de substitution d'échantillon urinaire.
Il a rappelé qu'Annus avait subi deux contrôles, l'un avant la compétition, l'autre après sa victoire, et que tous deux avaient été négatifs. "Mais une analyse ultérieure des deux échantillons a démontré qu'ils appartenaient à deux individus différents, laissant envisager une manipulation", a précisé le CIO dans le communiqué.
"Cela constituerait également une violation du règlement antidopage qui sera examinée ultérieurement", a-t-il ajouté.
Annus est le troisième médaillé d'or de ces Jeux privé de sa victoire pour violation du règlement antidopage après la lanceuse de poids russe Irina Korzhanenko et un autre Hongrois, Robert Fazekas, éphémère lauréat du lancer du disque.
Le CIO a également procédé au retrait d'une médaille d'argent et de trois médailles de bronze.
Annus, 29 ans, avait regagné la Hongrie peu après sa victoire. Il y a deux jours, il n'avait pas répondu à une convocation transmise par l'Agence mondiale antidopage (AMA) à la demande du CIO pour qu'il se soumette à un contrôle.
Les officiels qui en étaient chargés l'avaient vainement attendu au lieu fixé pour le rendez-vous, à Schachendorf, à la frontière austro-hongroise.
Le même jour, Annus avait déclaré dans un communiqué avoir "la conscience tranquille" et fait savoir qu'il mettait un terme à sa carrière sportive.
Le contrôle antidopage auquel il avait, comme chaque médaillé, été soumis après sa victoire avait donné un résultat négatif mais le CIO le suspectait d'avoir procédé à une substitution d'urine.
Son comportement en fin de concours (il s'est absenté longuement avant le dernier essai pour se rendre aux toilettes et n'a plus lancé ensuite) avait éveillé les soupçons.
Les doutes se sont encore renforcés lorsque son compatriote et compagnon d'entraînement Robert Fazekas, vainqueur le 23 août du lancer de disque, a été disqualifié le 24 pour n'avoir "pu ou voulu" fournir une quantité d'urine suffisante lors du contrôle.
Le règlement antidopage stipule que la dose minimum exigée est de 75 millilitres et Fazekas n'en a fourni que 25.
Cette carence a été interprétée comme l'indice que l'athlète avait, au prix d'une discrète manipulation, fourni de l'urine "propre" contenue dans un mini-réservoir généralement dissimulé dans le rectum et qui, de ce fait, se doit d'être peu volumineux, donc de faible contenance.
De retour en Hongrie, Annus avait fait savoir dès jeudi par l'intermédiaire de son agent -qui est aussi celui de Fazekas- qu'il envisageait de prendre sa retraite sportive car il avait été "humilié" par les soupçons.
Fazekas a émis, le concernant, la même hypothèse mais annoncé son intention de saisir en appel auparavant le Tribunal arbitral du sport (TAS).