La relève du sprint français chez les femmes, c’est peut-être elle. A Angers, Johanna Danois est devenue championne de France du 200 m à la surprise quasi générale. Pourtant, la sprinteuse du Felin’x en Guadeloupe arrivait en favorite puisqu’elle possédait la meilleure performance d’engagement en 23’’14. Un chrono réalisé lors des Championnats d’Europe espoirs, où elle avait pris la cinquième place après avoir battu son record en série. Sur la piste du Lac de Maine, elle s’est comme toujours appuyée sur sa très belle seconde partie de course pour améliorer encore une fois son record en 23’’07 (+1,7m/S). Sélectionnée pour les Mondiaux de Berlin, cette gendarme visera un temps sous la barrière symbolique des 23’’ en Allemagne. Découverte.
Johanna, comment avez-vous appris votre sélection pour les Championnats du monde ?
Par un journaliste qui m’a envoyé un message pour me féliciter. Ça a quand même été une surprise puisque je n’avais pas réalisé les minima A à Angers. Je ne m’y attendais pas. Ça a été une très grande joie et une vraie satisfaction. C’est un rêve qui se réalise. L’objectif de tout athlète est d’intégrer un jour l’équipe de France Elite et de représenter son pays lors d’une grande compétition internationale.
Comment allez-vous aborder cette compétition ?
Comme l’a dit le directeur technique national, c’est une façon pour lui de nous donner l’opportunité de préparer Londres 2012. Aux Jeux olympiques dans trois ans, ça sera les mêmes situations de compétition. Berlin va me permettre d’évaluer le travail qu’il me reste à accomplir afin de rivaliser avec les meilleures mondiales. Ce sera une très belle opportunité.
C’est grâce à votre victoire lors des Championnats de France Elite que vous avez obtenu votre billet pour l’Allemagne. Visiez-vous le titre en arrivant à Angers ?
J’étais venue avec l’objectif de battre mon record (23’’14) réalisé quelques jours plus tôt lors des Championnats d’Europe espoirs. En regardant les temps des engagées, j’avais vu que j’avais la meilleure performance française du moment. Je savais donc qu’il y avait une médaille à aller chercher.
Devancer une athlète comme Muriel Hurtis a dû vous faire bizarre…
C’est une fille que j’admirais et que j’admire toujours. Elle a connu une saison très perturbée avec son changement d’entraîneur et son arrivée à Paris. Mais je pense qu’elle va revenir très fort. J’avais déjà eu l’opportunité de courir l’an dernier avec elle lors des Championnats de France. Je n’étais pas concentrée. J’étais trop heureuse de voir Christine Arron et Muriel Hurtis de près. Je n’ai pas la chance de souvent les voir en compétition car j’habite en Guadeloupe.
Racontez-nous votre victoire à Angers…
J’ai eu de très bonnes sensations. Je ne m’étais jamais sentie aussi bien cette saison. Je m’attendais à une belle performance mais les conditions n’étaient pas très bonnes. Je sais que je peux faire mieux. J’ai moins de 23’’ dans les jambes. Le déclic a eu lieu pour moi lors des Championnats d’Europe espoirs. J’ai couru placée et pas à fond en série en 23’’14. J’ai gâché ma finale avec un mauvais départ mais j’ai acquis beaucoup d’expérience. Mon départ est mon point faible. C’est d’ailleurs pour cela que je préfère le 200 m au 100 m. Je suis forte en fin de course.
Quelles sont les raisons de votre belle progression cette année ?
Ce sont les entraînements, la volonté et les sacrifices que j’ai faits qui payent. Je suis entraînée au Felin’x en Guadeloupe par Ornelien Gombault. Il y a trois ans, après le bac, on m’a proposé de rejoindre la métropole. Mais j’ai refusé, tout comme je continue à le faire aujourd’hui. Je poursuis ma progression en Guadeloupe et le mode de vie me convient parfaitement. Il y a bien sûr le climat mais aussi ma famille qui m’entoure. Une coupure avec tout ça ne me ferait pas gagner des centièmes.
Avec quelles ambitions allez-vous à Berlin ?
Je veux y améliorer mon record personnel. Si j’y arrive, le reste viendra tout seul. J’espère aussi accéder aux demi-finales, voire à la finale, mais mon premier objectif est de descendre là-bas sous les 23’’.
Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com