Sport24.com : «Vous étiez venus à Liévin pour reprendre et finalement vous battez le record de France (2'17''06)…»
Mehdi Baala :C'était mon record personnel donc, quelque part, je savais que je pouvais à peu près être à ce niveau-là. Je savais aussi qu'au niveau chronométrique, je me situais aux alentours de ce temps. Je ne suis pas quelqu'un qui va prendre énormément de risques : si je cours, c'est que j'ai quand même un minimum de forme. Quand on vient courir dans un meeting comme à Liévin, on vient en étant préparé. Il ne faut pas se moquer des gens, c'est la moindre des choses.
Sport24.com : Liévin devient une piste fétiche pour vous (trois records de France en trois ans)…
Mehdi Baala :C'est bizarre, d'habitude, à chaque fois que je venais à Liévin, je commençais à être en baisse de forme. L'année dernière par exemple, j'étais moins bien. Cette année, c'est la première fois que j'ai de réelles sensations sur la piste de Liévin. C'est une piste qui est en dur. Moi, je m'entraîne en Allemagne où l'on ne voit pratiquement que des pistes en bois, qui rebondissent un peu plus. Je pensais que mes performances étaient dues à ça alors que c'était pratiquement tout le temps dû à la forme. Cette année, j'étais venu avec un objectif, celui de venir courir pour essayer d'être en forme à Liévin. Je suis assez content parce que les sensations étaient là. Je me suis fait plaisir et en plus je bats mon record.
Sport24.com : Vous avez pu couper avec la monotonie de l'entraînement…
Mehdi Baala : Ca m'a fait drôle. J'ai retrouvé les repères que j'avais un peu oubliés après les meetings estivaux. Le stress, les heures des repas… C'était difficile à gérer parce qu'à l'entraînement, ce n'est pas aussi strict qu'en compétition. C'était vraiment un pari, quelque chose d'osé de faire ma première course à Liévin. C'était un challenge et je suis d'autant plus heureux d'avoir réussi.
Sport24.com : Pour votre seule sortie de l'hiver, vous battez le record de France. Ne regrettez-vous pas de ne pas aller aux Championnats du monde de Budapest ?
Mehdi Baala :Non, je suis bien mais je pourrais être mieux. Un rendez-vous mondial, ça ne se prend pas à la légère. Je pense que je suis performant sur 1000 m mais de là à dire que je serais performant sur 1500 m ou sur longue distance, ce n'est pas du tout sûr. Je ne préfère pas prendre de risques par rapport à ça. Je me suis toujours tenu à ce que je disais, ne pas faire les championnats en salle. Pour moi, le plus important est d'être présent aux jeux. Je ne vais pas changer mes plans à une semaine des championnats du monde, ce serait ridicule.
Sport24.com : Dans vos rares sorties hors des grands championnats, vous avez pris la bonne habitude de battre souvent les records de France…
Mehdi Baala :Cela va devenir plus difficile parce que ce sont mes records. Mes records en plein air, parfois j'ai du mal à croire que ce sont les miens. Maintenant, de là à les rebattre, je pense que je vais avoir beaucoup de mal. J'espère tout le temps pouvoir tourner aux alentours de mes records, pourquoi pas les battre à chaque fois, ce serait extraordinaire mais dans une carrière, il y a un moment où on stagne, on régresse et cela va m'arriver un jour. Le plus important pour moi de toute façon, c'est de gagner des médailles, d'être présent aux jeux.
Sport24.com : Vous sur 1000 m, Maazouzi sur 1500 m et El Guerrouj sur 3000 m… Vous évitez de vous rencontrer ?
Mehdi Baala :Non, rien à voir. J'ai demandé un 1000 m en pensant que le 1500 m allait être annulé. Si Maazouzi ou El Guerrouj avaient envie de courir avec moi, il n'y avait pas de soucis. La preuve, c'est que le Kenyan Korir qui était dans ma course est un des meilleurs mondiaux sur 1500 m. Mais c'est vrai qu'on a tous des objectifs différents. Moi je voulais une course pour me faire plaisir donc j'ai choisi un 1000 m, Maazouzi avait besoin de courir sur 1500 m avant les championnats du monde pour prouver qu'il était en forme et Hicham (El Guerrouj), un peu comme moi, n'avait pas envie de toucher le 1500 m et prépare plus la saison estivale. Il a un grand pari pour les J.O où il tentera le doublé 1500 m-5000 m.
Sport24.com : Quelle va être votre préparation à partir de maintenant pour les Jeux ?
Mehdi Baala :Je vais reprendre mon cycle de foncier, je vais travailler dur sur ce point faible. Je vais enchaîner les stages comme je l'ai fait cet hiver. J'ai quand même pris un peu de retard avec mes blessures et je pense que je l'ai presque comblé maintenant puisque au niveau performance, ce n'est pas mal. Il y aura donc une longue préparation, il faudra de nouveau entrer dans la monotonie du travail, c'est ce qu'il faut pour être présent aux Jeux. Je vais courir deux ou trois courses cet été avant les Jeux, ça va être aussi simple que chaque année.