Imprimer les messages du sujet "Tout est magnifiquement dit..."


Imprimer cette page Fermer cette fenêtre

Posté le 08/04/2006 à 21h52 par stathled

"Le Monde" du 08.04.2006

Le Marathon de Paris fête cette année son trentième anniversaire et d'aucuns s'étonnent de voir un tel engouement pour une discipline finalement peu médiatisée. Les petits ruisseaux font des grandes rivières : la métaphore peut être rapportée au succès des courses pédestres qui irriguent la France d'un flot de coureurs. Pas moins de 5 500 courses sont organisées dans notre pays chaque année par des bénévoles, des passionnés, des poètes du macadam ou des amoureux de la nature. Le monde de la course à pied est un lieu où les classes sociales, les races, les âges, les sexes, les religions se côtoient dans le meilleur esprit, où les meilleurs au monde participent à la même compétition que les coureurs occasionnels. Quel autre sport peut se prétendre plus démocratique et universel ?

La dimension sociologique et économique de ces manifestations est méconnue. De nombreuses courses rassemblent plusieurs milliers de participants : Marseille-Cassis, Auray-Vannes, etc. L'impact économique des courses de masse n'est guère étudié, et pourtant il peut être considérable, à condition que le nombre de personnes venant d'autres régions ou de l'étranger dépasse un certain seuil.

On peut estimer les retombées locales à 744 000 euros à Nice, 540 000 euros pour Marvejols-Mende, 290 000 euros à Espelette, 160 000 à Dax, 135 000 à Oloron.

La dimension touristique est également un des enjeux les plus porteurs. A La Rochelle, 7 500 coureurs envahissent la cité à la fin du mois de novembre, à Nice, le Semi-Marathon rassemble 8 000 coureurs en avril et la Prom Classic réunit 4 000 coureurs le premier week-end de janvier. Bien d'autres courses connaissent un succès extraordinaire et permettent de faire vivre le commerce hors saison. Pour 81 % des coureurs, la course permet aussi de faire du tourisme et 74 % d'entre eux organisent des week-ends prolongés pour se déplacer. Les coureurs de la Balade de Riquet, course s'effectuant en relais de cinq sur le chemin de halage du canal du Midi, racontent ainsi : "Nous changeons l'ordre des relayeurs chaque année pour découvrir une autre partie du canal."

L'aspect festif est un des traits les plus caractéristiques de la réussite des courses. Pour le Marathon du Médoc, les Châteaux jouent le jeu en ouvrant parcs et jardins et en offrant des dégustations de grands crus. D'autres courses sont organisées dans les vignobles, toutes axent leur communication sur le terroir. Les Crêtes d'Espelette, avec un repas réunissant plus de 3 000 personnes, est l'une des pionnières dans ce registre. La Course des gendarmes et des voleurs de temps à Ambazac voit chaque année plusieurs milliers de coureurs apprécier la viande de boeuf du Limousin dans une ambiance champêtre et joyeuse.

On pourrait parler aussi de la bourriche d'huîtres remise à chaque coureur à l'issue du Marathon de La Rochelle ou des boîtes de chocolat et du jurançon offerts à Oloron. D'autres courses communiquent plutôt sur le patrimoine : le Marathon du Mont-Saint-Michel, celui du Futuroscope, le Semi-Marathon du patrimoine à Lyon.

La course se décline également avec la dimension caritative. Pour de grandes ou de petites causes, le succès de ces manifestations est grandissant : les courses Odysséa organisées au profit de la lutte contre le cancer du sein constituent un modèle de réussite.

Course et tourisme, course et développement local, course et esprit de solidarité, course et santé, etc. Ces défis sont sains, comme l'air que l'on peut respirer lorsqu'on se retrouve dans la fraîcheur matinale dans un coin de France pour participer à l'une de ces petites courses, affluents du grand fleuve qu'est le Marathon de Paris.

Stathled.