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Posté le 22/12/2004 à 09h21 par Le C.

A 22 ans, Kenenisa Bekele s'est imposé tout au long de l'année comme le meilleur athlète actuel et le digne héritier des grands fondeurs éthiopiens.

Hailé Gebresselassie peut quitter les pistes l'esprit tranquille, il s'est trouvé un successeur, tout comme il avait lui-même pris le relais de Miruts Yifter, auteur du doublé olympique (5000 m-10.000 m) aux JO de Moscou en 1980.

En l'espace d'un an, Bekele a recomposé le paysage des longues distances en explorant avec succès toutes les façades des épreuves de fond.

Cela a commencé dans les frimas de l'hiver britannique. A Birmingham, le 20 février, Bekele établit le record du monde du 5000 m en salle (12 min 49 sec 60/100). Un mois plus tard, il confirme son titre de plus grand crossman de tous les temps en s'adjugeant un troisième doublé cross court et cross long lors des Mondiaux à Bruxelles.

Après avoir achevé sa razzia hivernale, ce fils de fermier - son père cultive l'orge - se lance à l'assaut des pistes estivales.

Le 31 mai à Hengelo (Pays-Bas), "Kenny" conclut sa première sortie européenne en plein air avec un record du monde du 5000 m (12 min 37 sec 35/100).

10 courses, 3 records du monde

Huit jours plus tard, il remet cela en établissant un nouveau temps de référence sur 10.000 m (26 min 20 sec 31/100), malgré un "petit" crochet entre les deux courses par l'Ethiopie où, jure-t-il, l'air est meilleur.

Avec ses trois records du monde, le timide Bekele efface ainsi des tablettes Gebreselassie, qui n'avait que 25 ans au moment de ses deux courses-records en plein air (1998).

Pour l'histoire, il se permet même de battre ce chrono du 10.000 m dans le stade d'Ostrava, baptisé du nom d'Emil Zatopek, 55 ans jour pour jour après le record du Tchèque, autre monstre du fond.

A l'aube des jeux Olympiques d'Athènes, ce deuxième enfant d'une famille de six présente ainsi un bilan de 10 courses pour autant de victoires, 3 records du monde et 2 titres mondiaux.

En Grèce, il s'adjuge le titre olympique du 10.000 m, le 20 août, dès le premier jour de l'athlétisme dans le stade olympique.

Au cours de cette épreuve, le jeune homme montre l'immense respect qu'il a envers "Gebre" en se permettant de ralentir quelques hectomètres pour aider son aîné, gêné par une blessure à un pied, à rester dans la course.

Athlète de l'année

Irrésistible sur 10.000 m, Bekele pense aussi l'être sur 5000 m, distance sur laquelle il tente un périlleux doublé.

Mais le 28 août, ce gabarit de miler, aux bras et aux cuisses particulièrement musclés, oublie qu'une finale en grand championnat n'a rien de comparable avec une course de meeting.

Imbattable avec des lièvres et contre le chrono, le coureur originaire du Plateau d'Arsi, au sud d'Addis-Abeba, est moins impérial lorsque l'épreuve devient tactique et donc plus lente.

Au lieu de profiter de son extraordinaire puissance et de la présence de ses compatriotes pour étouffer le Marocain Hicham El Guerrouj, spécialiste du 1500 m et logiquement plus rapide au sprint, Bekele effectue une course d'attente, sur mesure pour le Marocain, qui n'a plus qu'à ramasser l'or du 5000 m.

Cette médaille d'argent a donc été le seul couac - très relatif - de cette saison quasi-parfaite, à l'issue de laquelle il fut désigné athlète de l'année.

En 2005, la suprématie du Négus devrait se confirmer, même si son principal rival Hicham El Guerrouj a décidé, à 30 ans, de venir chasser sur ses terres, en disputant les Mondiaux de cross, en mars prochain, et le 5000 m des Mondiaux en plein air à Helsinki en août.