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Posté le 12/09/2004 à 11h30 par La B.

L'adolescente qui accusait Fouad Chouki retire sa plainte
Incroyable rebondissement dans l'affaire Fouad Chouki. L'adolescente de 14 ans, qui l'accusait de l'avoir violée, a finalement retiré sa plainte, expliquant au juge que la relation était « consentante ». Le champion devrait rapidement sortir de prison.

REFUGIEE au quatrième étage de leur immeuble de la rue de Kircheim à la cité de la Montagne-Verte, un quartier populaire de Strasbourg, la famille de Fouad Chouki, 26 ans, a toujours « cru en son innocence » tout en regardant avec ferveur les nombreuses médailles glanées par le sportif sur les pistes des stades. Son accusatrice, Lilias, 14 ans, s'est rétractée hier en écrivant au juge d'instruction « avoir eu une relation consentie » avec Fouad Chouki. Elle explique qu'elle l'a accusé de viol car elle redoutait « la colère de ses parents » si elle avouait ce rapport sexuel : « Il faut que je vous annonce que tout ce qui s'est passé était vrai, mais j'étais consentante », a écrit l'adolescente à la juge.
Un incroyable retournement de situation. Néanmoins, Fouad Chouki risque d'être poursuivi pour détournement de mineure. « Trop, c'était trop. On attend la libération de Fouad. Nous sommes soulagés », estime Souleiman, le frère de Fouad qui remercie la mère de Lilias « d'avoir eu le courage de venir à la maison et d'expliquer les choses pour retirer enfin sa plainte ». La mère était une ancienne petite amie de Fouad et sa fille, Lilias, qui réside à la cité des Hirondelles à Lingolsheim, toute proche, était selon de nombreux témoignages « amoureuse » du sportif. L'ex-champion de France du 1 500 m est toujours en détention à la prison d'Eslau. Il ne sera sans doute pas remis en liberté avant lundi. La famille de cet athlète prometteur a été tétanisée par cette accusation de viol. Une famille déjà meurtrie par la mise à l'écart de Fouad, l'aîné de six garçons, des pistes d'athlétisme après un contrôle antidopage positif aux Championnats du monde d'août 2003 à Saint-Denis. Son sponsor, Puma, ne lui a pas versé ses primes en raison de ces soupçons, le condamnant à une situation financière précaire. Un contrôle contesté par son avocat sur la forme et le fond. Même le dossier médical de l'athlète a disparu des archives de la Fédération française d'athlétisme qui se refuse à tout commentaire sur ce point. Une véritable chute libre pour l'ex-champion adulé. Le père de Fouad, Abdeslam, un ancien cariste de 55 ans, invalide, malade du diabète, dit ne « plus pouvoir parler ».

Son frère, Samir, 20 ans, étudiant en BTS, avoue son « émotion » face à cette accusation ressentie « comme un choc intime ».

Comment avez-vous vécu cette accusation contre votre frère ?
Samir Chouki. On a pensé à lui à chaque instant. On a fait corps avec lui. On a pris ses médailles avec nous, c'était une façon de communiquer avec Fouad derrière les quatre murs où il est enfermé. Ses médailles, il les a méritées. Mais les journées passent et ne ressemblent plus à rien. Je n'ai pas repris les cours pour l'instant. Nous n'avons plus le goût de vivre ici. Mais je suis fier de mon frère et je n'ai pas besoin de me cacher. Nous sommes tous déprimés par cet événement. Fouad s'est senti trahi.

Que voulez-vous dire ?
Il s'est surtout senti rejeté par la Fédération d'athlétisme après ces accusations de dopage. Il était un exemple pour les jeunes et, du jour au lendemain, plus personne ne le connaissait. On n'a sans doute pas voulu le laisser progresser à son vrai niveau. On lui a fait de l'ombre. Il n'avait plus d'entraîneur, plus de salaire car les sponsors l'ont lâché. Tout est possible dans ce milieu. La fédération n'a jamais donné la moindre explication à la disparition de son dossier médical. Ça ne semble pas leur poser de problème. Sa suspension pour dopage a été étendue à tous les sports. Il ne pouvait même plus se reconvertir dans le foot comme il en rêvait.

« Il n'avait plus envie de vivre »

Votre frère croyait-il encore à son avenir de sportif de haut niveau ?
Il allait courir, il s'entraînait, mais il n'était plus le même. Il était pourtant parti au Maroc avec nous pour quelques vacances du côté de Nabor. Mais Fouad n'avait plus envie de vivre. Ces derniers temps, je ne le reconnaissais plus. Il a dû craquer. C'était trop dur pour lui. Il jouait toujours son rôle de grand frère mais il ne nous montrait pas sa peine au fond du coeur. Il était déprimé, sans doute usé par ces accusations.

Quand il sera là, face à vous, que ferez-vous ?
Je le prendrai dans mes bras pour le serrer très fort. Mais je savais qu'il était innocent. Ce n'est pas le Fouad qu'on connaît qui aurait pu faire cela. Le plus dur, ce fut pour notre petit frère Mohamed, 8 ans. Il a fallu le rassurer en lui disant que Fouad allait enfin revenir.

" Le Parisien " du 12 septembre.