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Posté le 24/12/2008 à 18h44 par maelstrom77

L’une des premières bonnes surprises de l’hiver est venue d’Abdoulaye Diarra, l’un des sauteurs français les plus éclectiques. A l’aise au triple saut comme en hauteur, l’élève d’Hervé Bouffinier à Dreux a profité du meeting national de Mayenne, dimanche 21 décembre, pour effacer une barre posée à 2,24 m, à un centimètre de son record personnel en salle. Il a ensuite échoué par trois fois à 2,28 m, une performance qui aurait constitué un nouveau record de France espoir. Un retour en force pour ce touche à tout de 20 ans, longtemps écarté des sautoirs par une sérieuse blessure aux tendons.

Vous attendiez-vous à sauter aussi haut, en plein mois de décembre ?

Pas du tout. En me rendant au meeting de Mayenne, je pensais tout au plus réussir 2,10 m. Depuis plus d’un mois, j’étais en stage en entreprise, à Tours, loin de mes bases et de mon entraîneur. Il m’était difficile de m’entraîner correctement. Je le faisais seul, dans mon coin. Et sans avoir effectué de séances de saut. Mais, dès le début du concours, j’ai ressenti de bonnes sensations. Je me suis alors dit que je pouvais peut-être aller haut. Mais il m’était difficile d’imaginer que j’allais tenter le record de France espoir de Jean-Charles Gicquel (2,27 m en 1989). D’ailleurs, il était présent à Mayenne. Il est venu me dire qu’il prenait plaisir à voir des athlètes tenter de battre son record, que j’avais un gros potentiel, mais que nous représentions deux types de sauteurs très différents. Lui était très grand et technique. Moi, je mesure 1,84 m et ma technique frôle parfois le n’importe quoi.

A quand remontait votre dernier concours de hauteur ?

Au mois de février dernier, aux championnats de France élite. J’avais remporté le titre, puis je m’étais blessé au tendon derrière le genou. Une blessure sérieuse, qui m’a privé de compétition toute la saison estivale. J’ai seulement pu m’aligner au triple saut, mon autre spécialité (Abdoulaye possède un record personnel à 16,30 m établi en 2007). Et encore, avec un élan réduit à six foulées. Mais j’ai quand même été capable de décrocher le titre national espoir du triple saut.

Entre le triple et la hauteur, vous avez fait votre choix ?

Pas tout à fait, non. A la base, je suis triple sauteur. J’ai commencé l’athlétisme par cette discipline, après avoir abandonné le foot, un sport où je devais pourtant intégrer un centre de formation. J’aime encore le triple, mais mon potentiel est peut-être plus important en hauteur. Et la concurrence, en France, est actuellement nettement moins relevée dans cette dernière discipline. Mais j’entends bien concilier encore les deux cette saison. L’entraînement y est très compatible. Christian Olsson, le Suédois, l’a prouvé en réalisant 17,83 m et 2,30 m.

Comment envisagez-vous la suite de votre saison hivernale ?

Je veux sauter le plus souvent possible. Je vais m’aligner en hauteur aux meetings d’Hirson et de Bordeaux. Pour la suite, je ne sais pas encore, j’attends d’être invité. J’aimerais réussir 2,28 m, pour décrocher ma sélection aux championnats d’Europe en salle. Je ne me fixe pas de limites, ce n’est pas dans ma nature. J’aime voir loin, viser haut et chercher à atteindre des objectifs élevés.

Puisque vous aimez voir loin, comment imaginez-vous la prochaine saison estivale ?

Ma blessure n’est plus qu’un mauvais souvenir. J’ai été prudent, j’ai laissé les choses cicatriser tranquillement. Je ne ressens plus la moindre gêne. Je peux donc envisager de reprendre ma progression. Je vise une sélection aux championnats du monde en plein air. Je suis seulement espoir 2, mais je me vois comme un sénior, car il est temps que je rejoigne la cour des grands. J’aimerais aussi sauter contre Mickaël Hanany. Je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer. Et j’en ai très envie, car je suis un homme de défi.

* Propos recueillis par Alain Mercier