Christine Arron a été le parfait symbole d'une équipe de France d'athlétisme pleine de promesses mais qui a raté ses jeux Olympiques et donc son année 2004.
En se présentant à Athènes, la détentrice du record d'Europe du 100 m avait une occasion unique d'entrer dans l'histoire du sport français et de devenir l'égal de Marie-José Pérec, de Micheline Ostermeyer ou de Guy Drut en remportant la course-reine.
Et la jeune maman possédait de sérieux atouts, une confiance et un sourire revenus grâce au travail d'une psychothérapeute, Fanny Didiot-Abadi, une invincibilité de onze courses sur la ligne droite en 2004, le respect de ses adversaires et l'expérience de ses 30 ans.
Et tout a volé en éclats ! A cause d'un pied droit qui s'est pris dans la piste grecque dès les demi-finales.
Fini le travail avec la psychothérapeute, sévèrement reniée par l'athlète. Sérieusement écornée la relation avec Guy Ontanon, l'entraîneur qui avait bâti le retour depuis la maternité.
En anéantissant ses chances de succès à Athènes, la Guadeloupéenne savait que le rêve olympique était passé, sans doute à jamais.
Et comme elle-même l'a reconnu, la médaille de bronze obtenue avec les "copines" du relais 4x100 m ne suffira jamais à la consoler cet échec.
Cimetière des éléphants
Pas plus que la reine Christine ne se consolera des revers de ses petits camarades.
Car Athènes a pris des allures de cimetière des éléphants pour les Bleus.
Diagana ? Poussé à une retraite précoce début juillet par un corps meurtri.
Barber ? Incapable de défendre pleinement ses chances à la longueur à cause d'une blessure en phase finale de préparation.
Baala ? Victime d'une vulgaire racine à l'entraînement quelques jours avant le premier tour fatal du 1500 m.
Raquil ? Forfait à la veille de monter dans l'avion pour le 400 m.
Pérec ? En juin, la triple championne olympique valide une situation que tout le monde connaît en prenant officiellement sa retraite.
Hurtis ? En panne de motivation et de résultats et tout juste en jambes pour se qualifier pour les quarts de finale du 200 m, un an après sa troisième place des Mondiaux 2003 récupérée sur tapis vert.
Contrairement à Arron, Muriel Hurtis a quand même vécu un grand moment, au-delà de sa médaille du relais, avec l'annonce de sa grossesse et d'un heureux événement pour le début 2005.
Heureusement Doucouré et Keita
Quelques beaux sourires ont heureusement marqué des visages tricolores cette saison.
Le plus beau d'entre eux fut sans aucun doute celui de Naman Keita. Le géant du 400 m haies (1,96 m) a réussi la belle performance des JO en étant le seul médaillé individuel français - bilan tricolore complété avec le relais 4x100 m féminin - avec une troisième place qui récompensait une saison intense.
Dans les annales, Ladji Doucouré lui volera sans doute le titre d'athlète de l'année. Huitième et dernier de la finale olympique du 110 m haies, à cause d'un appétit trop grand, Doucouré a quand même profité des séries pour dynamiter le record de France de Stéphane Caristan, l'abaissant de 13 sec 20 à 13 sec 06.
A 21 ans, le Francilien peut tranquillement regarder vers Pékin-2008, tout comme les porteurs d'espoirs tels que Leslie Djhone (400 m), Florent Lacasse (800 m) ou Manuela Montebrun (marteau).
Pour la Fédération (FFA), qui vient de réélire à sa tête Bernard Amsalem, l'objectif est le même, préparer Pékin-2008 en attendant Paris-2012.
Avec la retraite du DTN, Robert Poirier, la FFA s'appuiera sur une nouvelle direction technique nationale, qui aura comme première mission de réussir les Mondiaux 2005 d'Helsinki.