Conforté par un bon début de saison et par un trac en passe d'être dominé, Leslie Djhone veut se libérer en décrochant "une vraie médaille" sur 400 m aux championnats du monde de Berlin qui débutent le 15 août.
A 28 ans, le champion du monde 2003 du relais 4x400 m semble avoir pris une nouvelle dimension, signant le 14 juillet son meilleur chrono de la saison en 44"99.
De saison en saison, cet athlète timide et attachant apprend surtout "doucement" à vaincre un stress qui l'a régulièrement contraint à courir le ventre vide et donc à gâcher ses chances avant même d'avoir pris le départ.
"J'arrive maintenant à m'alimenter la veille d'une course et aussi quelques heures avant la course. Et surtout, j'arrive à garder tout ce que je mange : c'est un pas considérable", a-t-il dit à Reuters.
Un grand pas vers ce qu'il espère se concrétiser "en un podium du soulagement à Berlin afin de décoller (son) étiquette de finaliste et d'avoir, enfin, une vraie médaille".
Même si son grand rival, le champion olympique américain LaShawn Merritt, est le premier à noter que "Leslie est depuis longtemps de toutes les finales", l'intéressé refuse de monter en épingle sa cinquième place aux JO de 2008 et aux Mondiaux de 2007 et sa médaille de bronze aux championnats d'Europe en 2006, perçue comme "une médaille qui ne compte pas".
"A Berlin, je dois passer un cap supérieur. Et puis, j'ai vraiment besoin de souffler. Depuis 2003, je vis sous la pression de réussir à faire un résultat en individuel. Depuis, je n'ai jamais relâché. Si je veux arriver frais à Londres 2012, il me faut cette médaille pour m'autoriser à souffler et pour m'apaiser", dit-il.
De Pékin d'où il revient "avec des grosses boules longtemps difficiles à digérer parce que (son) moteur (l)'a lâché dans les derniers mètres", le recordman de France rapporte aussi du positif.
"BATTRE LE VIEUX RECORD D'EUROPE"
"Ces Jeux m'ont prouvé que rien n'est écrit, que tout le monde peut avoir sa chance, que quelqu'un comme (Jeremy) Wariner peut aussi être mal. Désormais, je crois plus en mes chances, je me mine moins la tête. A l'arrivée, mon estomac s'en porte mieux", dit-il.
Pour espérer monter sur le podium mondial du 400m à Berlin, Leslie Djhone se dit prêt à aller chercher le record d'Europe de Thomas Schönlebe, en 44"33, datant de 1987.
"Si je ne m'endors pas dans le virage, je vise au moins le bronze à Berlin. Pour l'atteindre, il me faudra certainement battre le vieux record d'Europe de Schönlebe. Sur ses terres, j'aimerais lui rendre cet hommage", prévient le Français.
Depuis six ans, Leslie Djhone voit l'or et l'argent confisqués par LaShawn Merrit "à l'incroyable vitesse de base" et Jeremy Wariner "à la technique sans faille". Même s'il voit aussi les Bahaméens Latoy Williams et Chris Brown dangereusement monter en puissance, Leslie Djhone aimerait "être l'Européen sur le podium mondial".
Pour ce faire, il faudra griller la politesse à l'Irlandais David Gillick et au Belge Jonathan Borlée, tous descendus sous les 44 secondes cette saison.
Comme d'habitude, Leslie Djhone a débuté la saison blessé. Cette fois-ci, ce fut le quadriceps de la cuisse gauche, avec le réveil d'une cicatrice de 2005.
Pour rattraper son mois de retard, son entraîneur François Pépin lui a fait enchaîner les tours de piste dès l'ouverture de la saison, cinq en un mois dont trois "bien encaissées" en une semaine.
Sa dernière sortie avant Berlin a été effectuée en 45"57 à Monaco le 28 juillet. Il a fini quatrième d'une course gagnée en 44"73 par LaShawn Merritt, dont il fait son favori pour le titre mondial.
"Il est le plus rapide d'entre nous sur les 200 derniers mètres", convient Leslie Djhone.
Les séries du 400m auront lieu le mardi 18 août, suivies des demi-finales le mercredi et de la finale le vendredi.
Edité par Chrystel Boulet-Euchin