Les organisateurs d'une course à pied organisée chaque automne dans le Tarn ont comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Castres pour discrimination raciale, après avoir refusé de récompenser le vainqueur de la dernière édition au motif qu'il n'était pas français.
Yacine Lerari, un Algérien résidant à Toulouse depuis une dizaine d'années, a remporté le 3 août dernier la compétition de 14,5 km, disputée entre Lautrec et Saint-Julien-du-Puy et appelée "course de l'ail", mais s'est vu refuser le premier prix, un billet aller-retour pour la Réunion pour disputer une compétition similaire.
Les trois organisateurs, le comité des fêtes de Saint-Julien-du-Puy, le syndicat de défense du label ail rose et la maison des jeunes et de la culture de Montdragon, se sont appuyés sur le règlement qui stipulait que "le premier de la course (nationaux, résidant en métropole) sera récompensé par un voyage à l'île de la Réunion".
Le ministère public a estimé que le délit de discrimination était constitué par "le refus de remettre le prix et par la façon dont a été rédigé le règlement" et a requis 5.000 euros d'amende et l'interdiction d'organiser des manifestations durant deux ans.
Le plaignant avait choisi une procédure en citation directe et réclame 30. 000 euros au titre des dommages et intérêts. La Licra, le Mrap et Stop racisme Haute-Garonne se sont constitués parties civiles.
"Cette course s'inscrit dans les échanges économiques entre les producteurs d'ail de la Réunion et du Tarn. Le but est de permettre des échanges entre les deux courses, mais pendant deux ans les prix ont été attribués à des concurrents qui ensuite n'avaient pu effectuer le déplacement à la Réunion. C'est pour cela que le règlement a été changé", a fait valoir Me Eric Escaffre au nom de la défense. "Les intentions de mes clients n'ont jamais été d'ordre racistes et ils sont prêts à verser une indemnisation", a-t-il plaidé.
Le jugement a été mis en délibéré au 4 février.