La grande désillusion au O' Paris
Comme tous les soirs pendant l' Euro 2004, Michel et Arnaud Barret accueillent les amoureux de football et d' ambiance dans leur pub, situé Rue Colbert, à Versailles, à deux pas du château. Mais ce soir, la fête avait un goût amer...
Il est 20h 15 en ce vendredi soir de mobilisation nationale. Devant le O' Paris, la terrasse faisant face à la Place d' Armes accueuille, sous le soleil, ceux qui veulent profiter d' un moment de calme, en ce début de week-end. Car à l' intérieur du Pub versaillais, l' ambiance est déjà dédiée à ce quart de finale France-Grèce, qui doit propulser les idoles en bleu-blanc-rouge dans le carré magique des meilleures nations européennes. La musique techno accompagne l' arrivée continue des supporters venus assister au choc, en couple, entre amis, ou en solo puisqu'on est certain de trouver ici une ambiance digne de l' évènement. Tradition du lieu oblige, des physiques de rugbymen se mêlent aux jeunes femmes et aux passionnés vêtus du maillot à l' étoile.
A 20 h 40, plus de 200 personnes sont massés devant le comptoir, et les premiers "Allez les Bleus!" se font entendre. Le pub de l' ovalie fait le dos rond et encaisse les encouragements, alors qu' Henry et Trézeguet donnent le coup d'envoi. Les débats s' équilibrent sur le terrain, mais ils commencent dans le public : "Barthez, il est chaud!", lance Julien, 23 ans, de Versailles. A la première parade du divin chauve, la première claque de la soirée se veut rassurante. Car les nerfs sont mises à rude épreuve. On s'interroge sur la place de Trézeguet sur le terrain, "Qu' est-ce qu'ils jouent mal!", renchérit Bruno, 59 ans, devant le jeu aseptisé des tricolores. Une impression confirmée par Jean-Luc, 25 ans, de Jouy : "C' est pitoyable", lâche-t-il, amer. 0-0 à la pause, l' occasion pour les langues de se râfraichir...et se délier : "C' est une équipe sans âme, sans motivation", poursuit-il. "Moi je suis supporter de l' équipe de France, mais là c' est décevant, ajoute Julien. Ce qui est sympa, c' est qu'il y a un un tiers de femmes présentes pour le match ce soir. Cela montre qu'elles apprécient de plus en plus le foot", conclut-il en fin tacticien. Bruno, lui, ne décolère pas : "Y a rien!, se désole-t-il. C 'est nul. Il faut renouveler le stock. Il y a trop d' ayants droits". Un constat que la deuxième période ne mettra pas en péril. Amorphes, comme Michel Platini en tribune, incapables de prendre le jeu à leur compte, les champions en titre encaissent même un but à la 65e minute, sur une tête de Charisteas. "Quelle bande de fèves!", entend-on au comptoir. L' incompréhension est telle pour les supporters que les mots sont crus. Les visages se crispent, les regards se font plus noirs au fur et à mesure que le temps défile. Et que la France piétine. "Je ne réalise pas", concède Sylvain, 25 ans, de Saint-Rémy-les-Chevreuse.. Le sentiment général est teinté de peur, de frustration... et d' espoir. Chaque action française déclenche des vivas dans la salle, qui compte presque 300 personnes, massées au pied des deux écrans géants du O' Paris. Wiltord, Saha et Rothen ont beau donner de leur personne, les coéquipiers de Zizou s' embourbent dans la défense grecque. "Ils jouent à l' anglaise! Kick and rush!", note Jean-Luc. On se prend la tête entre les mains à la 87e minute, lorque la tête d' Henry finit sa course hors du cadre adverse. Le temps réglementaire est terminé, Santini, l' entraîneur est conspué. Le rêve touche à sa fin. L'incrédulité se lit sur les visages des supporters. La déception annihile également les réactions les plus vives. On se regarde, comme pour se convaincre que tout cela n'est qu'un maivais cauchemar. Pas le temps de réaliser l' énorme désillusion de cette élimination, que la musique résonne à nouveau dans le pub. Une manière de tourner la page et de ...continuer la fête.
Car demain à 11h45, le pub de l' ovalie retransmet Nouvelle-Zélande/Australie, avant la finale du championnat de France, Stade Français/Perpignan. Pour de nouvelles émotions...
Laurent Lepeltier
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Lolo L. C.
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Date du message : Wednesday 14 July 2004 à 10h30
Lolo Le Coach
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