A propos d'argent... un article intéressant. Si après tout ne te monte pa à la tête... 

Après les batailles livrées aux championnats du monde de Melbourne, une nouvelle guerre a éclaté hors des bassins. Elle met aux prises les grandes marques qui ne visent qu'un seul objectif : associer leur image à celle de Laure Manaudou en l'attirant à tout prix dans leurs filets.
À l'image de tout bon footballeur qui se respecte, Laure Manaudou devrait durablement occuper la rubrique des transferts ces prochains mois. Pour la deuxième année d'affilée, la sportive la plus célèbre de France sera l'objet d'énormes convoitises. Mais si l'an passé, c'est son changement de club et de situation géographique qui avaient alimenté la chronique, cette fois, il s'agit du nom de son futur équipementier qui devrait nourrir les gazettes. Aujourd'hui, Manaudou vaut son pesant d'or et les mastodontes du marché se bousculent à ses pieds.
Egérie de la marque Arena, qui a repéré et fait signer le phénomène dès 2001, la reine du 400 m bénéficie d'un contrat longue durée qui court jusqu'au 31 décembre 2008. Revalorisé significativement à quatre reprises (2003, deux fois en 2004 et 2005), cet accord prévoit une rémunération fixe, une part variable conditionnée par ses résultats ainsi qu'un bonus indexé sur les ventes de la collection lancée en 2005 et siglée du désormais fameux papillon tatoué sur son épaule. Sans oublier l'ultime coup de pouce financier fait à sa fondation " LM la vie ", dont le but est de permettre à des enfants malades de réaliser leurs rêves.
En six ans, Arena n'a jamais négligé les intérêts de sa protégée. Mais les affaires sont les affaires et la valeur à la hausse de la plus grande nageuse tricolore de tous les temps a fini par aiguiser l'appétit des équipementiers les plus puissants de la planète. C'est-à-dire Nike et Adidas. " Arena s'est toujours comporté en équipementier, jamais en affairiste ou en opportuniste, rappelle Marie-Claude Prévitali, chargée des relations presse de la marque. Nous avons cru en elle avant tout le monde. Nous l'avons aidée à grandir. Nous l'avons accompagnée jusqu'aux sommets. Nous ne lui avons jamais mis de pression. Tout cela dans une ambiance familiale. Nous lui avons même payé des cours d'anglais ! Peut-être n'aurons-nous pas les moyens de rivaliser mais, en tout cas, Arena fera tout pour garder Laure. "
Pendant les championnats du monde de Melbourne, certains bruits ont fait état d'enchères réalisées par les deux géants du sport. Une simple rumeur vite dégonflée. " Légalement, nous n'avons pas le droit de faire d'appel d'offres, assure-t-on chez Nike. Tant qu'elle reste sous contrat avec Arena, nous ne bougerons pas. " Même son de cloche chez Adidas. " Nous respectons son partenariat, car nous avons un certain code déontologique. Et puis, d'un point de vue juridique, nous n'avons pas le droit de faire de propositions. " En revanche, aucune des deux parties interrogées ne nie les tentatives d'approche et autres renseignements pris auprès Me Didier Poulmaire, l'avocat de Laure Manaudou depuis fin 2004. Ce dernier fait même preuve d'un certain sens de l'anticipation puisqu'il a d'ores et déjà fixé le droit d'entrée à la table des négociations. Ce sera au minimum (et avant de probables surenchères) 400 000 € par an, pour un contrat d'une durée probable de quatre ans. Soit 100 000 à 150 000 € de plus que ce que lui verserait Arena.
Par rapport au talent du phénomène, ce montant n'a rien de vertigineux. Michael Phelps, par exemple, émarge à environ 750 000 € par an chez Speedo. Quant aux footballeurs, ils évoluent sur une autre planète. Pour ne citer que lui, Thierry Henry touche près de 3 millions d'euros avec Reebok. " Les sponsors souhaitent un retour sur investissement très rapide et donc une exposition médiatique très intense, analyse Annick Aviérinos, ancienne agent de Marie-José Pérec aujourd'hui à la tête de l'agence de communication Athletica. Or, avec Laure, ils sont sûrs d'obtenir rapidement ce retour sur image. La somme demandée me paraît donc tout à fait honnête. " Reste à savoir, désormais, qui décrochera le gros lot. La balle est aujourd'hui dans le camp de Laure Manaudou. Elle seule peut exiger ne plus vouloir aller au terme de son contrat et cela semble être le cas. Pour s'en convaincre, il suffit de l'avoir observé ces derniers mois. Hors de l'eau, la protégée de Philippe Lucas ne porte que des runnings frappées de la célèbre virgule de la marque américaine. Autour des bassins, comme en conférence de presse, elle " oublie " trop souvent de mettre son sweat-shirt Arena à l'endroit... Comme pour mieux brouiller les pistes ou, pire, écoeurer son fidèle partenaire.