Sextuple championne de France en salle de saut en hauteur, la Strasbourgeoise Mélanie Skotnik, 3e , a été contrainte de rendre sa couronne hier à Bordeaux. Une énorme déconvenue qui confirme ses difficultés du moment.La Spirale infernal
Il a fallu la chercher au fin fond du vétuste Stadium de Bordeaux-Lac, dans des toilettes où elle s’est très vite réfugiée après sa toute première défaite en championnats de France depuis sa naturalisation en 2004. Plus énervée que déçue, Mélanie Skotnik a ensuite accepté de monter sur le podium des « Elite 2014 », même si elle a trouvé ça « cruel ». Mais dans un premier temps, la sextuple tenante du titre en salle a ressenti le besoin de cacher ses larmes, sa honte sans doute un peu aussi.
Ce samedi, la sauteuse en hauteur strasbourgeoise de 31 ans a été délestée de sa couronne nationale par une gamine de 16 ans, la cadette perpignanaise Nawal Meniker (Athlé 66), et même repoussée à la 3e place par une junior, la Ligérienne Valérie Bonnet (Coquelicot 42). Certes, les deux jeunes filles n’ont pas sauté plus haut que Mélanie Skotnik (1,81 m pour toutes les trois), mais elles l’ont tout de même devancée au nombre d’essais, ce qui en dit long sur les difficultés actuelles de l’Alsacienne.
« Je ne devrais même pas être étonnée »
« Psychologiquement, c’est très dur en ce moment, témoigne l’athlète du S2A, qui a franchi 1,82 m, 1,76 m et deux fois 1,80 m cet hiver avant le concours de ce week-end. J’avais en tête de prendre cette compétition comme une séance d’entraînement, mais il y a vraiment encore trop de paramètres où je suis à la rue, notamment la vitesse. J’ai pris cinq ou six kilos ces derniers mois, je me suis laissée aller quand ça n’allait pas dans ma vie privée. Je suis très fâchée de ce qui m’est arrivé aujourd’hui (hier) , mais franchement, je ne devrais même pas être étonnée. »
Digne dans la défaite, Mélanie Skotnik a également trouvé en Nils Portemer - son nouveau coach depuis deux semaines - une source de sérénité pas négligeable en ces temps difficiles. « Il n’est pas du tout inquiet, affirme la Bas-Rhinoise, recordwoman de France avec 1,97 m. Après le concours, il m’a rappelé que sur certains de mes sauts, j’étais bien au-dessus de la barre. Il y a juste beaucoup de réglages techniques à faire d’ici l’été… et des kilos à perdre. J’ai perdu trois mois de préparation, je suis au fond de la piscine (sic). Il va falloir oublier tout ça. »
« Elle avait l’air perdue dans sa course d’élan »
Classée 9e avec 1,70 m, l’autre Alsacienne du concours girondin, Emilie Pinas (ANA), se voulait également rassurante. « Elle avait vraiment l’air perdue dans sa course d’élan, elle s’est même arrêtée devant la barre à plusieurs reprises, raconte la Wolfisheimoise de 19 ans qui, elle, a eu du mal à s’adapter à la piste bordelaise. Mais ses sauts à 1,84 m ne sont pas passés loin. C’est là qu’on a vu qu’elle était meilleure que les deux petites jeunes. Elle n’est pas du tout à son niveau en ce moment, et ça, toutes les sauteuses présentes l’ont dit. Il y en a deux qui ont su en profiter, c’est tout. »
Inscrite par son manager au meeting international en salle de saut, ce jeudi à Dessau (Allemagne), Mélanie Skotnik ne se défilera pas. Mais son esprit est déjà tourné vers les échéances estivales, et notamment les championnats d’Europe à Zurich (12-17 août), dont les minima de qualification ont été fixés à 1,93 m. Sa rentrée lors des interclubs le 4 mai avec son club du S2A donnera une première idée de sa capacité à rebondir. La Franco-Allemande a quatre mois pour gagner 12 centimètres.