C’est au marathon de Paris qu’il a effectué ses plus belles courses. C’est à Paris qu’il reviendra en août pour réaliser peut-être son plus grand exploit : battre les Kenyans au pied des plus beaux monuments de la ville lumière. Benoît Zwierzchiewski adore être en pleine lumière. Et dans une discipline comme le marathon les occasions sont rares. Deux par an, grand maximum. Le reste du temps, il faut composer avec la souffrance, la volonté, dans l’ombre. En période intensive d’entraînement, il effectue ainsi près de 240 kilomètres par semaine et doit respecter une hygiène de vie quasi ascétique. Il reconnaît aisément que ce n’est pas sa nature, alors quand il court, il désire le faire en plein jour, affirmant sa personnalité hors-norme.
Une communion avec le public
Tatoué, crâne rasé en hommage à Michael Jordan, oreille percée, lunettes de soleil enveloppantes : Benoît Z ne passe jamais inaperçu sur les parcours d’un marathon. Mais derrière une apparence atypique et provocatrice, il est surtout l’homme de la générosité. Marc Maury, spécialiste français de l’athlétisme et ami du coureur parle avec admiration de son cœur énorme: « Il est extrêmement fidèle et attachant et éprouve le besoin d’être aimé. Il recherche la communion avec les spectateurs, évoluer au milieu d’eux, être photographié et partager son bonheur. Ce qu’il appelle des joies simples, naturelles. »
Un rêve de gosse
Né à Mouscron en Belgique le 19 août 1976, Benoît Z affirme avoir toujours voulu être marathonien : « c’est un rêve de gosse, la plus belle image du monde est celle d’un marathonien entrant dans le stade.» Ainsi, ses passages sur piste au 5 000 et 10 000 m ne furent pour lui que des étapes. Pourtant, il devient champion d’Europe juniors sur les deux distances en 1995 et champion de France espoirs alors qu’il n’est que junior. Son choix de s’orienter si tôt vers le marathon a plutôt surpris les spécialistes. Mais cette discipline est la sienne : celle qui, à ses yeux, nécessite le plus d’humilité, où chaque mètre parcouru est déjà une victoire.
Meilleure performance européenne
Les faits lui donnent raison. Les Championnats du Monde d’Edmonton ne sont que sa quatrième course sur la distance, il se classe déjà 13ème. En 2002, il remporte le marathon de Paris puis sa magnifique deuxième place le dimanche 6 avril 2003 reste ancrée dans les mémoires. Semblant à l’agonie « dès » le trentième kilomètre de course, parfois distancé, haletant, il avait recollé à chaque fois au groupe de tête, ressuscitant dans d’incessants et ultimes efforts. A l’arrivée, il avait réalisé le record de France de la discipline avec un temps exceptionnel de 2h06’33’’, égalant la meilleure performance européenne de tous les temps du coureur Portugais Pinto.
Une génération talentueuse
Bernard Amsalem, président de la Fédération Française d’Athlétisme, considère Benoît Z comme la figure emblématique de l’athlétisme tricolore. Le marathon est une discipline grâce à laquelle tous les joggers du dimanche peuvent se reconnaître dans l’athlète, partager ses souffrances et ses efforts. Benoît Z, lui, est ravi de cet éloge tout en étant conscient d’appartenir à une génération d’athlètes français talentueux, promesse de journées glorieuses pour les Championnats du Monde. Comme il le confiait à Athlétisme Magazine, «
il y aura de belles choses à réaliser sur la piste du Stade de France cet été et des médailles à gagner… »
S T A T H L E D