Missa a écrit :Bref, l'audimat, quoi l'audimat? C'est un gros mot?
Comme toute entreprise, il y a des indicateurs de performance. L'audimat en est un. Comme le chiffre d'affaire de l'entreprise pour laquelle tu travailles. Comme le résultat des interclubs qui conditionne certainement le montant des subventions de ton club.
Le problème n'est pas de vouloir faire de l'audimat, c'est "à quel prix" vouloir faire de l'audimat?
Oui et non... Le problème est aussi que l'audimat est devenu le seul et unique critère de programmation... et de déprogrammation ! A partir de là, comment s'étonner si certains sont prêts à faire n'importe quoi pour faire monter le baromètre ?
Du temps de la télé de Papa des années 60, il n'y avait qu'une seule chaîne (publique évidemment, voire carrément gouvernementale), pas d'audimat (peut être des enquêtes d'opinion de temps en temps, mais c'est tout), pas de pub et une idée du rôle de la télévision qui était bien différente de celle que l'on peut avoir en 2015. Et d'ailleurs beaucoup critiquaient ce monopole et aussi les programmes jugés trop "intellectuels", alors qu'il y avait aussi très souvent des variétés, des jeux etc... Mais rien à voir avec aujourd'hui, bien sûr.
On est passé d'un extrême à l'autre, de la télé "état" à la télé "privé", (les chaînes publiques sont peu ou prou obligées de suivre), où, bien entendu, la rentabilité est désormais la seule raison d'être (et de survie !) pour toutes les chaînes généralistes, et pour la majorité des autres aussi (et il y en a !).
Après, comme le fait remarquer Alex, si les télés-réalité foisonnent c'est que le public suit derrière, l'audimat n'étant qu'un thermomètre. Et bien que l'on ait collectivement la télé (et les hommes et femmes politiques aussi..) que l'on mérite, je crois qu'il ne sert à rien de penser que les gens sont des "veaux". On en arrive finalement à la fameuse histoire de la poule et de l'oeuf, est ce que ce sont les téléspectateurs qui "font" les programmes ou l'inverse, la demande qui "fait" l'offre ou le contraire ? C'est évidemment une interaction, mais dont le fonctionnement est bien difficile à cerner précisément.
Je pense surtout que l'évolution de la société en général nous conduit à une certaine passivité, voire même, s'agissant de la télé, à une recherche de cette passivité. On pourrait également parler de la "détaboutisation" de certaines idées ou situations, sous prétexte que c'est la réalité et que l'on peut (que l'on doit ?) parler de toutes les réalités, même en jouant sur l'ambiguïté de la mise en scène de cette réalité plus ou moins annoncée et assumée, du flou entretenu entre documentaire et fiction. Et cela nous incite à accepter peu à peu que l'on nous titille sur tous nos bas instincts jusqu'à les rendre acceptables, si ce n'est pour certains revendiqués.
Très vaste problème donc et qui touche toutes les couches de la société, mais en particulier les jeunes qui naissent dans ce contexte et qui dans l'ensemble doivent faire encore plus d'efforts que les plus âgés pour avoir un peu de recul.